Dans une interview à Challenge, Emmanuel Macron donne sa vision de la laïcité et s’étonne qu’on demande aux musulmans d’être discrets et modérés.

Probable candidat à l’Elysée en 2017, Emmanuel Macron s’épanche peu dans la presse. Outre un entretien avec Michel Houellebecq pour Les Inrocks ou encore son premier meeting avec son mouvement En Marche !, l’ex-ministre de l’Economie ne veut pas brûler les étapes. Si l’on imagine aisément son programme politique en matière de finance et d’économie, on en sait encore peu sur ce qu’Emmanuel Macron peut penser des différents sujets de société dont la presse fait ses choux gras. Seule certitude : là où son ancien Premier ministre est certain que l’Islam sera un enjeu électoral en 2017, Macron préfère, lui, prendre ses distances avec Manuel Valls. Aux Inrocks, il avait déjà évoqué sa réticence à l’interdiction du voile dans les universités. Cette fois, dans une interview fleuve à Challenges, Emmanuel Macron a répondu à toutes les questions.

« L’Etat est laïque, pas la société »

Et le leader du mouvement En Marche ! refuse de plonger la tête la première dans cette thématique. « Il est évidemment indispensable d’aborder sans détour le sujet de l’Islam en France, mais veillons à ce que la laïcité ne soit pas le seul point d’entrée, nuance-t-il. Il y a aussi l’éducation, le social, l’économique. » L’ancien ministre estime que le « communautarisme musulman existe dans des cités, des quartiers où la solidarité, la présence économique et sociale de l’Etat ont reculé, provoquant un surcroît d’isolement, donc un désespoir qui bien vite a dégénéré en repli identitaire. » Pour Emmanuel Macron, le communautarisme n’est pas que religieux. « Nous affrontons un problème  de communautarisme dans toutes ses composantes, religieuses, politiques, économiques et sociales », dit-il.

Là où les musulmans sont régulièrement stigmatisés — on l’a vu pendant le débat de la primaire de la droite et du centre —, Emmanuel Macron préfère rester prudent et évoque sa propre vision de la laïcité, une laïcité qui offre des libertés et ne pose pas, comme c’est le cas dans l’esprit de nombreux dirigeants actuellement, d’interdits. « Le champ lexical qu’on utilise pour évoquer le religieux est parfois malsain », assure-t-il. En effet, selon l’ancien banquier d’affaires, « on demande à des croyants, aux musulmans en particulier, d’être ‘discrets’ ou d’être ‘modérés’. Ce sont des expressions bien curieuses. Pour un croyant, la foi ne se ‘modère’ pas, elle se vit, parfois intensément. » Or, conclut-il, « l’Etat n’a rien à faire dans le mystère de l’âme. » « Le laïcisme, continue Emmanuel Macron, ce n’est pas ma conception et ce n’est pas notre histoire. » L’ancien ministre de l’Economie rappelle à ce propos que « l’Etat est laïque, pas la société. »

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