Décidément les positions de Lotfi Zitoun continuent à créer la surprise. Dans le bon sens du terme, quitte à bousculer les idées reçues et à se poser à contre-courant de la frange la plus conservatrice – toujours majoritaire – de son propre parti, Ennahdha. Après s’être exprimé en janvier dernier en faveur de la dépénalisation pure et simple de la consommation de cannabis, placée sous le coup de la terrible « loi 52 » – qui menaçait les jeunes Tunisiens de peines d’emprisonnement fermes – le politicien s’attaque maintenant aux forces qui entravent la liberté de croyance, de conscience et de culte. Lotfi Zitoun entend rappeler que, dans l’article 6 de la nouvelle Constitution votée en 2014, l’Etat “s’engage à diffuser les valeurs de modération et de tolérance”. Ce plaidoyer pour la paix et la liberté intervient après un mois de Ramadan particulièrement mouvementé en Tunisie, au cours duquel des prédicateurs ont exigé la fermeture de cafés et d’espaces de restauration restés ouverts durant les horaires de jeûne, et des citoyens ont été arrêtés pour avoir mangé, bu ou fumé en public. “Non, ce n’est pas aux forces de l’ordre de faire la loi. Elles doivent simplement l’appliquer. Non, ce n’est pas à un prédicateur de décider ce qui est bien ou non pour le pays et de se substituer aux juges. Je suis aujourd’hui sidéré par l’omerta qui règne, face à cette violation manifeste des libertés individuelles, et ces arrestations arbitraires”, assure-t-il, scandalisé, dans cette tribune. Le conseiller du cheikh Ghannouchi est revenu sur la violence morale qui caractérise cette « chasse » aux non-jeûneurs, en soulignant les spécificités des fondements de la République et les principes mêmes de la religion musulmane. Il a tout autant déploré le délabrement de l’image du pays, renvoyée par ces arrestations, à l’international, alors que la Tunisie peine à se relever de six ans de crise socioéconomique grave. Et de conclure par des voeux sincères à l’occasion de l’Aïd el-Fitr, adressés à tous les citoyens sans exception : jeûneurs et non-jeûneurs.