Au total, en l’espace d’une demi-heure, 22 missiles se sont abattus sur deux bases irakiennes, Aïn al-Assad (ouest) et Erbil (nord) où sont installés des soldats étrangers, en majorité des Américains, a annoncé l’armée irakienne, à l’heure exacte où un tir de drone américain tuait le général à Bagdad cinq jours plus tôt.
Ces raids, qui selon l’armée irakienne n’ont pas fait de victime dans ses rangs, est la première réponse de Téhéran à l’assassinat de l’architecte de sa stratégie au Moyen-Orient. Ils font redouter une escalade régionale ou un conflit ouvert, même si dirigeants américain et iranien ont rapidement semblé vouloir calmer le jeu.
– « Nouvelle phase » –
« L’évaluation des dégâts et des victimes est en cours. Jusqu’ici, tout va bien! », a indiqué dans un tweet le président américain Donald Trump, ajoutant qu’il ferait une déclaration mercredi.
« Nous ne cherchons pas l’escalade ou la guerre », a pour sa part assuré Mohammad Javad Zarif, le chef de la diplomatie iranienne, expliquant que les représailles « proportionnées » de la nuit étaient « terminées ».
Pour le spécialiste des groupes chiites armés Phillip Smyth toutefois, « des missiles balistiques ouvertement lancés depuis l’Iran sur des cibles américaines marquent une nouvelle phase ».
L’Iran « a envoyé une réponse publique et d’ampleur pour envoyer un signal », la suite, affirme-t-il à l’AFP, pourrait être confiée « aux agents de l’Iran », les nombreuses factions armées pro-Téhéran en Irak, au Liban, en Syrie ou ailleurs.
Signe que de nouvelles violences sont toujours redoutées, l’agence fédérale de l’aviation américaine (FAA) a interdit aux avions civils américains le survol de l’Irak, de l’Iran et du Golfe.
Les cours du pétrole s’envolaient de plus de 4,5% mercredi matin dans les échanges en Asie.
Les Gardiens de la révolution iraniens, ont conseillé à Washington de rappeler ses troupes déployées dans la région « afin d’éviter de nouvelles pertes », menaçant Israël et « des gouvernements alliés » des Etats-Unis, en premier lieu les Etats du Golfe, pris entre l’Iran et l’Irak.
– Cafouillage américain –
Le bombardement iranien a eu lieu alors que se terminaient à peine les funérailles du général Qassem Soleimani, assassiné vendredi à Bagdad avec l’Irakien Abou Mehdi al-Mouhandis, leader des paramilitaires pro-Iran désormais intégrés aux forces de sécurité irakiennes.
Si la France et l’Italie ont fait savoir leur intention de rester en Irak, les Canadiens et les Allemands ont annoncé mardi le redéploiement d’une partie de leurs soldats vers la Jordanie et le Koweït. L’Otan a décidé de retirer temporairement une partie de son personnel d’Irak.
M. Trump, lui, écarte tout départ, même si un cafouillage américain à Bagdad a pu laisser croire le contraire. Par erreur, selon le Pentagone, les Américains ont annoncé à Bagdad le début de leur retrait puisque le Parlement irakien venait de voter pour réclamer leur expulsion.
Un retrait des troupes américaines « serait la pire chose qui puisse arriver à l’Irak », a déclaré le locataire de la Maison Blanche.