Alors qu’il doit participer à une conférence dimanche à Brétigny-sur-Orge, le maire de la ville de l’Essonne a interdit la venue de l’imam Ismaïl.
L’imam Ismaïl «diffuse de manière régulière une conception fondamentaliste, littéraliste et orthopraxique de l’islam légitimant la charia ». Voilà la raison avancée par le maire de Brétigny-sur-Orge pour empêcher l’imam Ismaïl de tenir une conférence dans sa ville. Ce dimanche, l’imam devait passer par la ville de l’Essonne. Selon le maire, le « soutien explicite de la librairie salafiste Al Bayyinah établie à Argenteuil, qui continue de commercialiser plusieurs ouvrages de la maison d’édition associative Nawa dissoute administrativement le 29 septembre 2021 » fait partie des arguments avancés. Une maison d’édition, ose le maie, qui « se livrait à des agissements en vue de provoquer des actes de terrorisme en France ou à l’étranger ».
Force est de constater que le maire de Brétigny n’avait pas besoin d’assister à la conférence puisqu’il affirme en connaître le contenu. Selon lui, ose-t-il, « l’ensemble des prédicateurs » censés intervenir dimanche allaient diffuser un message visant « à inculquer à l’auditoire la détestation des valeurs de l’Occident, considéré comme colonial et islamophobe » et à prôner « le repli communautaire mettant ainsi en cause la cohésion nationale ». Avant de conclure que ces mêmes « prédicateurs » légitiment « le recours à la charia et valorisent le djhad ».
L’imam de la mosquée des Bleuets de Marseille n’en est pas à sa première interdiction : il devait en effet participer à une conférence à Cabannes dans les Bouches-du-Rhône, elle aussi annulée, mais aussi à Échirolles en Isère et à Vauvert dans le Gard. L’organisateur de Brétigny-sur-Orge est une association, « Les profs Studio », qui selon le Figaro est la « vitrine trompeuse d’un islam radical déguisé sous l’apparence d’une plateforme de développement personnel ».
Sur les réseaux sociaux, Nicolas Meary, le maire Union des Démocrates et Indépendants (UDI) de la ville, assure avoir été « saisi par le préfet de l’Essonne sur la tenue d’une conférence islamiste dans une salle privée de Brétigny-sur-Orge ». Il avance « des risques de troubles graves à l’ordre public » pour expliquer pourquoi il a interdit cette manifestation.
De son côté, l’imam marseillais déplore les approximations de l’article du Figaro. L’imam est notamment associé à la mosquée As-Sunna de Marseille, fermée en 2010 après la publication d’un arrêté préfectoral, qui reprochait à l’époque au lieu de culte des prêches qui « légitiment le djihad armé ».
Une façon de dire — ou plutôt de faire croire — que l’imam Ismaïl serait donc un messager du terrorisme. L’entreprise de diabolisation lancée par le Rassemblement national a donc bien pris. Le député RN du Gard, Nicolas Meizonnet, écrivait au préfet que l’imam, « réputé dans les milieux islamistes et influent sur les réseaux sociaux, notoirement proche de la mouvance salafiste, des Frères musulmans et de l’association islamiste BarakaCity que vous avez dissoute, s’est illustré par des déclarations publiques dangereuses et inacceptables ». Damien Rieu s’était lui aussi illustré en faisant lyncher l’imam et les organisateurs d’une de ses conférences.