C’était entre 2009 et 2012. Twitter, en France, n’était alors qu’un réseau utilisé par le microcosme parisien et médiatique : publicitaires, journalistes, communicants… Pour s’amuser, certains utilisateurs avaient créé un groupe Facebook baptisé « Ligue du LOL ». Une trentaine de personnes échangeaient en privé : « On y faisait des blagues, un travail de veille, c’est d’un commun absolu », indique l’un des membres actifs qui ajoute que les utilisateurs « se moquaient de tout et tout le monde. »

Mais aujourd’hui, ce groupe est accusé d’avoir harcelé pendant de nombreuses années, en meute, des féministes. En ce début d’année 2019, la parole se libère et les témoignages de victimes de ce harcèlement, des femmes mais aussi des hommes, se succèdent. Insultes, photomontages, gifs animés, chasse en meute… Les témoignages des victimes de ce groupe convergent. Et les excuses des membres de la Ligue du LOL avec, même si nombreux sont ceux qui se rejettent la responsabilité.

A l’époque, donc, les blagues potaches qu’ils « ne pouvaient pas faire en public », c’est-à-dire racistes et misogynes, étaient de mise. Une affaire qui n’est pas sans rappeler celle qui avait touché Mehdi Meklat. Comme Mehdi Meklat, les journalistes à l’origine de la Ligue du LOL plaident la jeunesse. Tous ont fait des demi-excuses « sans que leur carrières ou leurs privilèges ne soient mis en danger », explique dans un post Facebook l’ancien journaliste du Bondy Blog qui a, lui, dû renoncer à la plupart de ses activités.

Il existerait donc un « privilège blanc » dans ce type de cas. Avec une question : les membres de la Ligue du LOL vont-ils garder, pour la majorité d’entre eux, leurs postes ? L’excuse du « mâle blanc » vaudra-t-elle plus que celle d’un Mehdi Meklat ? Ceux qui, il y a quelques mois, lâchaient le chroniqueur après l’avoir encensé sont donc aujourd’hui les nouveaux Meklat. Reste à savoir de quoi leur avenir sera fait.