« Sommes-nous une rédaction ‘blanche’ ? On l’a été. On l’est encore. Ça a changé un peu. On part de loin. » En mars 2018, Libé répondait à ses détracteurs qui accusaient le journal d’être un repaire de « bobos blancs » avec une certaine franchise. Mais avec une certaine gêne aussi, même si, précisait le journal, « on n’a pas envie de ranger ses collègues par couleur de peau. »

Il faut dire que la diversité ethnique est une question taboue dans les médias. En 2009, une commission du ministère de la Culture avait bien tenté de réaliser une étude statistique sur le sujet. Mais après avoir sondé plus de cent entreprises de presse, à peine une quarantaine avaient répondu aux questions.

L’affaire de la « Ligue du LOL » vient aujourd’hui relancer le débat. Pendant plusieurs années, de jeunes journalistes, souvent ces mêmes « bobos blancs », ont usé de méthodes contestables à l’encontre de leurs confrères et consœurs : harcèlement, homophobie, sexisme et racisme… Les témoignages qui remontent ces derniers jours montrent que ce groupe a fait plus de mal qu’il ne l’imaginait.

Depuis, des rédactions ont commencé à prendre des mesures. Libé, notamment, qui a suspendu à titre conservatoire deux de ses journalistes. En tout, ces sont cinq journalistes qui n’officient plus — définitivement ou provisoirement — au sein de leurs rédactions respectives, après les révélations sur cette affaire.

« Depuis les années 1980, la profession a changé. Elle s’est notamment rajeunie et féminisée », expliquait au Monde, l’été dernier, la chercheuse Marion Dalibert. Cette affaire de la Ligue du LOL permet en tout cas aux directeurs de rédactions de révolutionner la presse : les places libérées pourraient, par exemple, être promises à celles et ceux qui ont été victimes de la Ligue. L’occasion de mettre un peu de diversité dans des rédactions trop blanches.

L’affaire est aussi l’occasion de mettre fin à ces pratiques. SOS Racisme a d’ailleurs demandé lundi au parquet de Paris d’ouvrir une enquête préliminaire. Dans un communiqué, l’association écrit : « Les arguments employés pour faire ‘craquer’ les cibles de leurs attaques sont éloquents : sexisme, homophobie ainsi que racisme ont fait partie des arguments massivement employés, sans que toute la vérité ait encore été totalement rendue publique. »