Les opposants au nouveau système universel de retraites, emblématique du président Emmanuel Macron, entendent réaliser une nouvelle démonstration de force pour faire céder un gouvernement affaibli par la démission de l’artisan du projet soupçonné de conflits d’intérêts.
Il s’agit de la troisième journée de manifestation depuis le début du mois. Le 5 décembre avait vu défiler plus de 800.000 personnes en France. Elles avaient été moins de la moitié le 11 (339.000). Mais, ce mardi et pour la première fois, l’ensemble des syndicats manifestent, jusqu’aux plus réformateurs comme la CFDT, avec qui M. Macron pouvait espérer faire adopter sa réforme.
Parallèlement, la grève illimitée se poursuit, notamment dans le métro parisien et les chemins de fer, alors que débute la période des examens pour les étudiants.
La moitié des lignes de métros sont totalement fermées, provoquant des centaines de km de bouchons à Paris et sa banlieue.
– « Delevoye bat en retraite » –
« Les syndicats dans la rue pour faire plier l’exécutif », titre Le Figaro. Libération insiste sur le départ fracassant de l’artisan de la réforme, Jean-Paul Delevoye, contraint à la démission pour avoir « omis » de déclarer, comme l’y oblige la loi, une dizaine de mandats en parallèle de ses fonctions gouvernementales.
« Delevoye bat en retraite. L’exécutif mal en points », écrit Libération dans un jeu de mots avec le système de retraite à points voulu par le gouvernement pour fusionner 42 régimes de retraite existants, dont des spéciaux qui permettent notamment aux conducteurs de train de partir plus tôt.
Mais c’est l’ajout à cette réforme d’un « âge d’équilibre » (64 ans en 2027) qui a poussé dans la rue les syndicats favorables à la retraite à points: cet âge vise à maintenir l’équilibre financier du système, chacun pouvant continuer à partir à la retraite à 62 ans, mais avec un malus sur sa pension et un bonus pour ceux partant après. Il s’agit d’une incitation « forte » à partir à 64 ans, selon le Premier ministre Édouard Philippe.
Aux syndicats demandant le retrait en bloc de la réforme (CGT, FO, Solidaires…), se joignent ainsi dans la rue la CFDT, premier syndicat en France, la CFTC et l’Unsa.
« Changer toutes les règles est suffisamment anxiogène pour ne pas ajouter des mesures financières dès 2022 », a plaidé le dirigeant de la CFDT, Laurent Berger.
« J’espère que le gouvernement va finir par comprendre qu’il faut appuyer sur le bouton stop », a souligné lundi Yves Veyrier, le numéro un de FO.
« Nous ne retirerons pas » la réforme, a déjà prévenu la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, tandis qu’Édouard Philippe reçoit les organisations syndicales et patronales mercredi et jeudi.
Le temps presse. « Il est temps de mettre un terme aux blocages », a supplié le Medef, organisation patronale, dans une lettre à ses adhérents tenaillés par « l’inquiétude d’une fin d’année dans le rouge ».