Une étude de l’Insee dresse le portrait des immigrés et évoque les transmissions et pratiques selon les origines.
Dans l’édition 2023 de son étude « Immigrés et descendants d’immigrés », publiée le 30 mars dernier, l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) livre des données sur plusieurs thèmes concernant les descendants d’immigrés en France.
La transmission forte chez les musulmans
Parmi les conclusions de l’étude, on apprend par exemple que « les processus de transmission religieuse entre générations façonnent le paysage religieux sur le long terme », puisque « 91 % des personnes élevées dans une famille musulmane suivent la religion de leurs parents ». Une transmission également « très forte aussi chez les juifs (84 %) », mais « moindre chez les catholiques (67 %) et chez les autres chrétiens (69 %) ».

Selon l’Insee, « les immigrés sont proportionnellement deux fois plus nombreux à s’affilier à une religion que les personnes sans ascendance migratoire », alors que, globalement, les religions, quelles qu’elles soient, perdent du terrain puisque l’institut recense « davantage de personnes sans religion depuis 2008 ».
Diversité religieuse
Et là où les partis d’extrême droite y voient un potentiel « Grand remplacement », l’Insee remarque que « les arrivées d’immigrés contribuent à élargir la diversité religieuse de la France ». Avec des différences entre chrétiens, juifs et musulmans, qui dépendent de plusieurs facteurs : « Les processus de transmission religieuse entre générations façonnent le paysage religieux sur le long terme. Les dynamiques de transmission dépendent de la motivation des parents immigrés à socialiser leurs enfants dans leur religion, alors que les incitations à la sécularisation sont relativement prégnantes en France ».
Tel père, tel fils ? « La religiosité dépend principalement de la socialisation religieuse parentale », résume l’Insee qui indique que « la socialisation religieuse parentale est nettement plus consistante (que chez les athées et les chrétiens, ndlr) pour les musulmans et les juifs, dont près des trois quarts disent qu’elle a eu assez ou beaucoup d’importance ».
Prière et port du voile
Par rapport aux juifs, les musulmans ont quelques spécificités : d’un côté, ils sont la communauté religieuse qui pratique le plus la prière. 58 % des musulmans immigrés et de descendance immigrée pratiquent la prière, indique l’Insee. Loin devant les juifs (40 %).
Pour ce qui est du voile, son port est « plus fréquent chez les immigrées après 35 ans », assure l’Insee qui affirme par ailleurs que, « par rapport à 2008‑2009, le port du voile est devenu plus fréquent pour toutes les origines et toutes les générations. Ces hausses reflètent d’abord une évolution des pratiques dans les pays d’origine, ce qui est visible pour les femmes immigrées, et une augmentation plus réduite pour les femmes de la seconde génération ». Avant de rappeler que « le port du voile diffère fortement selon la catégorie socioprofessionnelle : de 13 % pour les femmes musulmanes cadres et professions intermédiaires à 38 % pour les ouvrières ».