Après le boycott diplomatique des Jeux olympiques et paralympiques d’hiver, prévus à Pékin, l’Oncle Sam adopte de nouvelles restrictions contre le régime chinois. Ses sanctions visent à interdire les importations de produits fabriqués dans les camps du Xinjiang.
La guerre politico-économique entre les États-Unis et la Chine a pris une nouvelle tournure, depuis l’investiture du président Joe Biden. Son administration a fait de la promotion du modèle démocratique et des droits de l’Homme un cheval de bataille, auquel nul n’échappe. La présidence américaine a alors pris pour cible le régime chinois, qu’elle accuse de génocide et de crimes contre l’humanité dans la région du Xinjiang. Bien que motivée par des raisons purement politiques, la prise de position américaine, contre les exactions commises sur les populations ouïghoures, donne aujourd’hui plus de voix à ce combat.
Chose promise chose due. Washington continue à mettre en place des mesures restrictives contre le régime chinois. De nouvelles sanctions sont tombées, interdisant les importations en provenance de la région du Xinjiang, en raison de préoccupations liées au travail forcé des minorités musulmanes. Les deux chambres du Parlement américain ont adopté une loi garantissant que les biens produits par le travail forcé des Ouïghours, des Kazakhs, des Kirghizes et des membres d’autres groupes minoritaires ne seront pas achetés ou vendus aux États-Unis. Une « présomption réfutable » est créée, selon laquelle tous les produits en provenance du Xinjiang ont été fabriqués avec du travail forcé.
Cette loi doit encore être adoptée par le Sénat et envoyée au président Joe Biden pour signature et promulgation. Jen Psaki, porte-parole de la Maison Blanche a d’ailleurs déclaré « L’administration travaillera en étroite collaboration avec le Congrès pour mettre en œuvre ce projet de loi afin de garantir que les chaînes d’approvisionnement mondiales sont exemptes de travail forcé, tout en travaillant simultanément à la délocalisation et à la tierce délocalisation de chaînes d’approvisionnement clés, notamment les semi-conducteurs et l’énergie propre ».
Quid de l’Union européenne ?
Puissance économique indiscutable, l’Union européenne a encore beaucoup de chemin à faire pour s’imposer en tant qu’acteur politique et diplomatique incontournable sur la scène internationale. Derrière les grands discours sur la promotion et le respect des droits de l’Homme, cette organisation européenne peine à prendre des décisions, notamment sur la situation dans le Xinjiang, et les violations des droits humains des minorités musulmanes.
Pour l’eurodéputé Raphaël Glucksmann, il devient urgent que les produits fabriqués par les Ouïghours soient bannis « de nos marchés ». Il a exigé que les produits « de l’esclavage soient saisis par les douanes (…) Les États-Unis ont passé un ‘import ban’ sur les produits de l’esclavage et ils ont saisi des Nike, les douanes américaines ont saisi des cargos de Nike parce qu’elles ont été produites par des esclaves en Chine. (…) Ces cargos sont envoyés en Europe et nous, on est devenu le dépotoir du marché américain. Et quand on fait nos courses de Noël, on se lie aujourd’hui sans le savoir à des crimes contre l’humanité à l’autre bout de la planète. Il faut mettre fin à cette folie de dérégulation totale, à ce culte de l’impunité ».
L’Europe doit agir et réagir d’une seule et même voix. Les 27 États doivent s’accorder sur une position commune, pour mettre fin à ce « génocide » dans le Xinjiang. Mais la tâche est rendue difficile, avec la France qui fait bande à part, après son refus de boycotter diplomatiquement ces Jeux de la honte.