Attendu demain à Bahreïn, le pape va-t-il avoir un mot pour les chiites et les opposants, maltraités dans ce pays du Golfe, le deuxième que le souverain pontife visitera ?
Du 3 au 6 novembre, le pape François sera à Bahreïn. Objectif : promouvoir le dialogue avec l’islam. C’est en 2014 que le petit royaume a invité le pape à lui rendre visite, mais le pape François n’avait jamais donné suite aux sollicitations royales. Les discriminations, de plus en plus violentes depuis 2011, de la famille royale envers les chiites, pourtant majoritaires dans le pays, n’étaient pas étrangères à la décision du pape. Mais les ONG continuent aujourd’hui de dénoncer les violations des droits de l’homme visant les chiites, et plus généralement les opposants. Alors, qu’est-ce qui a changé ?
D’abord, le forum de dialogue entre l’Orient et l’Occident pousse le pape à se diriger vers des pays musulmans. En 2019, le souverain pontife avait déjà posé le pied aux Émirats arabes unis. Le pape François affirme qu’il aura « l’opportunité de (s)’entretenir avec des représentants religieux, en particulier islamiques ». Il veut ainsi « soutenir au nom de Dieu la cause de la fraternité et de la paix ».
Au-delà des violations des droits humains, Bahreïn a changé sa diplomatie internationale : le petit pays a formalisé ses relations diplomatiques avec le Saint-Siège en 2000 et, deux décennies plus tard, avec Israël en signant les accords d’Abraham. Malgré les discriminations anti-chiites, Bahreïn respecte plutôt la religion catholique. Des immigrés indiens et philippins composent la communauté de 80 000 catholiques sur place.
Insuffisant selon les ONG qui demande au pape d’« exiger publiquement que Bahreïn mette fin à toutes les exécutions, abolisse la peine de mort et enquête sérieusement sur les allégations de torture et les violations du droit à un procès équitable ». « La visite du pape François à Bahreïn risque de légitimer la politique discriminatoire du roi Hamad », estime l’association Americans for Democracy & Human Rights in Bahrain.