Suite à l’assassinat de Samuel Paty en octobre 2020, l’idée d’un Conseil national a germé pour lutter contre la radicalisation et former les imams de France. Aujourd’hui, le Conseil français du culte musulman et la Grande Mosquée de Paris se battent pour la labellisation des imams de France.
Le 2 octobre 2020, au cours d’un discours sur les séparatismes, en particulier le séparatisme islamiste radical, le président français Emmanuel Macron, annonce la formation des imams de France par le gouvernement. L’idée d’un Conseil national des imams (CNI) émerge, pour restructurer l’islam et lutter contre la radicalisation. Un mois après, les neufs fédérations du Conseil français du culte musulman (CFCM) valident la création de cet organe de labellisation des imams formés en France.
Pour l’heure, le Conseil national des imams n’a pas encore été créé qu’il suscite des tensions et des revendications. Dimanche 14 novembre 2021, le CFCM et la Grande Mosquée de Paris, ont chacun de leur côté, annoncé la création prochaine dudit organe.
Un divorce consommé
La Grande Mosquée de Paris et trois fédérations ont sécession en mars dernier, claquant la porte au Conseil français du culte musulman. A l’origine de la tourmente, la Charte des principes pour l’islam de France, que le gouvernement a voulu faire adopter et réclamée par le chef de l’Etat français.
Depuis, la Grande Mosquée et les trois fédérations ayant quitté le navire font bande à part. Elles ont fixé la date du 21 novembre 2021, pour la tenue d’une assemblée générale destinée à entériner leur Conseil national des imams. Cette annonce a provoqué la colère du CFCM, qui a rétorqué par un communiqué, dénonçant « toute tentative de récupération ».
« La légitimité (du Conseil national des imams) ne peut être acquise que sous l’égide du CFCM et avec la participation de l’ensemble de ses fédérations ainsi que l’implication de toutes les structures régionales et départementales. Le CFCM appelle l’ensemble des instances départementales du culte musulman à se réunir en congrès, le 12 décembre 2021, pour la mise en place effective du Conseil national des imams » peut-on lire sur le communiqué.
Un projet mort-né ?
Le Conseil national des imams de France doit organiser une labellisation des formations, une certification des imams et la rédaction d’une charte des principes républicains, dont le non-respect entraînerait leur révocation. Ayant pour vocation de mettre fin à la radicalisation du culte musulman, le projet a non seulement pris du retard dans sa mise en oeuvre, mais a également fait voler en éclat l’unité des représentants du culte musulman en France.
Le président de la République avait octroyé un délai de « six mois » au CFCM pour organiser la formation et la labellisation des imams. Mais l’adoption de la Charte des principes de l’islam en France a eu raison du CFCM, qui a perdu quatre de ses fédérations. Les démissionnaires ont dénoncé certaines fédérations, comme la controversée Milli Görüs, réputée proche du pouvoir turc, qui avaient refusé de signer la charte proscrivant les ingérences étrangères.
La rivalité entre le CFCM et la Grande Mosquée de Paris est accentuée par le refroidissement des relations diplomatiques entre Alger et Rabat. Les relations entre la Grande Mosquée de Paris, dont le recteur est liée à l’Algérie, et le CFCM, présidé par un marocain, continuent à se détériorer. Le Conseil national des imams, ce grand projet de formation théologique, pour la deuxième plus grande communauté de fidèles de France, se fait quant à lui attendre.