Les gens du voyage sont toujours victimes d’un racisme qui semble encore autorisé. Ces derniers temps, les politiques se sont laissé aller à des sorties antitziganes.
Dans un ouvrage sorti en 2017, consacré à l’antitziganisme — la « discrimination systémique contre les Rroms, les Gitans, Voyageurs, Manouches, Sintés, Yéniches et toutes les personnes assimilées à la figure du Tsigane », selon la définition de Wiktionnaire —, l’universitaire Aidan McGarry y voit la « dernière forme acceptable de racisme ». Une discrimination qui « se présente souvent sans en avoir l’air », écrit le chercheur au CNRS Ilsen About. Que ce soit dans le domaine de la fiction ou dans la vie de tous les jours.
L’Assemblée, un « camp de gitans »
Depuis quelques temps, les « gens du voyage » sont les cibles de sorties racistes, qui semblent ne pas choquer plus que cela. Comme lorsque l’éditorialiste Anna Cabana a comparé l’Assemblée nationale française à un camp de gitans.
Un peu plus tôt, c’est le président de l’UDI, le sénateur Hervé Marseille, qui avait fait une déclaration équivalente. Le politique avait estimé que Les Insoumis de Jean-Luc Mélenchon avaient transformé l’Hémicycle « en camp de gitans », lors des débats sur la réforme des retraites. Ce « spectacle dégrade » la République, avait-il ajouté, avant d’expliquer que l’Assemblée « n’est pas les Saintes-Maries-de-la-Mer », la ville considérée comme le lieu de « pèlerinage des Gitans ».
Harcèlement et racisme
Et l’UDI d’être encore plus précis sur ce qu’il voulait dire : « Quand on voit ces invectives permanentes, qu’on ne peut plus échanger, qu’on interrompt tout le monde… ». Selon lui, donc, le manque de discipline serait équivalent à un camp de gitans.
En se laissant aller à de telles déclarations, Hervé Marseille a conforté le fait que l’antitziganisme était la « dernière forme acceptable de racisme ».
« Sous prétexte que j’étais gitane, j’ai à maintes reprises subi du harcèlement scolaire. En troisième, les filles de ma classe passaient leur temps à m’insulter, à me traiter de sorcière, de grosse vache, ou à me dire que je n’avais rien à faire en cours puisque les gens comme moi ne ‘travaillent pas’ », expliquait récemment une femme se présentant comme gitane, dans un magazine féminin.
Les gitans, chanteurs ou voleurs dans les médias
L’Union romani explique que le racisme diffusé dans les médias consolide les préjugés. « La façon dont les médias traitent le peuple gitan représente un des plus grands freins à une cohabitation harmonieuse avec le reste de la société. En général, lorsque les journaux, les émissions de radio et les chaînes de télévision traitent une information sur les gitans, c’est soit parce qu’ils sont dans le domaine artistique, soit parce que ce sont des délinquants », résume l’Union romani. « Ce ne sont que des conceptions superficielles, basées sur des clichés, qui sont loin de donner une conception large et rigoureuse du peuple gitan. Une conception qui reconnaisse qu’il s’agit d’un peuple avec une histoire, une culture et une langue propres, différentes, certes, mais jamais inférieures », conclut le texte.
Des clichés véhiculés par les émissions, comme « Capital » qui, en octobre dernier, avait diffusé une émission consacrée à l’économie secrète des gens du voyage. Désormais, les politiques ne se cachent plus non plus. Il est temps que l’antitziganisme ne soit plus une « forme acceptable de racisme ».