Le président de l’Anti-Defamation League (ADL), l’une des organisations de défense des juifs les plus importantes des Etats-Unis, s’est excusé après que son ONG se soit opposée à la construction d’un centre islamique à New York en 2010.
« Nous avons eu tort, purement et simplement ». La déclaration est signée Jason Greenblatt, le président de l’ADL, la succursale américaine du B’nai B’rith, la plus ancienne organisation juive au monde. Greenblatt, qui était également le conseiller de l’ancien président américain Donald Trump pour Israël, fait référence à une attaque de son organisation contre un projet de centre islamique à Manhattan, près de Ground Zero, le lieu symbolisant les attaques terroristes du 11 septembre 2001 à New York.
L’ADL avait proposé que le centre islamique, Cordoba House, soit bâti de façon à ce qu’il soit aussi éloigné que possible des décombres du World Trade Center. Une suggestion considérée comme islamophobe, car le centre n’était qu’un espace de prière, dont les tenants et les aboutissants ne relèvent pas de la supervision d’une quelconque ONG.
Dans cinq jours, 20 ans se seront passés depuis les attentats terroristes du 11 septembre à New York. Avec les fêtes religieuses juives, en l’occurrence le Yom Kippour, qui interviennent courant septembre, la communauté juive américaine estime que l’intervention de l’ADL nuit à l’esprit du judaïsme.
Selon Greenblatt, ces excuses relèvent de l’esprit de teshuvah — comprenez d’un repentir. « Nous acceptons la responsabilité de notre position imprudente sur la Cordoba House, nous nous excusons sans réserve et nous nous engageons à faire tout notre possible à l’avenir pour utiliser notre expertise afin de lutter contre les préjugés islamophobes en tant qu’alliés », explique Greenblatt.
Jason Greenblatt subira-t-il les foudres de sa communauté ?
Le B’nai B’rith, également basé à New York, n’a pas réagi aux propos du président de l’Anti-Defamation League. Il s’agit toutefois d’une position forte de Greenblatt, un acteur principal de la politique étrangère antimusulmane de l’administration Trump. Surtout, le président de l’ADL est à la fois un juif orthodoxe, pro-Israël et proche du gendre de Trump, Jared Kushner — l’architecte des Accords d’Abraham.
Il n’y a donc aucun doute que sa déclaration mettra dans l’embarras un grand nombre de détracteurs des musulmans, typiquement membres du Parti Républicain des Etats-Unis. Et si les expériences passées nous apprennent une chose, c’est que Jason Greenblatt ne tardera pas à se faire taxer d’antisémite.
A ce propos, Greenblatt insiste sur la nécessité d’un changement de politique concernant l’islamophobie aux Etats-Unis. Il a appelé les membres de sa communauté à faire le point sur leurs agissements passés.