Lallab est une association dont « le but est de faire entendre les voix des femmes musulmanes qui sont au cœur d’oppressions racistes et sexistes. » Une association dont on entend du plus en plus parler — et c’est une bonne nouvelle. Mais aujourd’hui, si Lallab fait l’actualité, c’est pour une affaire qui à de quoi étonner. Le 9 août, l’association affirme qu’elle a le droit de recruter trois personnes dans le cadre du Service civique. L’occasion pour elle de se développer et de continuer sa mission : « Lutter contre les préjugés subis par les femmes musulmanes — liés au genre, à la race et à la religion — et susciter l’inspiration pour permettre aux femmes de devenir pleinement les actrices de leur propre vie. » L’occasion aussi pour la fachosphère et les adeptes du Printemps républicain de déverser toute leur haine à l’encontre de cette association lancée en décembre 2015, que ceux-ci considèrent comme proche des Frères musulmans s’en en apporter une seule preuve plausible. Sur les réseaux sociaux, les internautes n’ont pas hésité à mettre la pression sur le Service civique qui a finalement décidé, ce jeudi soir, de supprimer à Lallab le droit d’embauche des personnes. « La mission proposée ne répond pas aux principes fondamentaux du Service civique », peut-on lire sur le compte Twitter officiel du dispositif d’Etat.

Dans un courriel, le Service civique assure que les missions proposées par l’associations Lallab n’ont pas été annulées mais sont « en cours d’examen. » Dans un communiqué de presse, le Service civique « dément donner suite aux injonctions et requêtes portées par des mouvements politiques » et tient à rappeler que « le respect des principes fondamentaux du Service Civique et le principe de l’égalité de traitement guident le processus de validation des missions sur son site. » Selon le communiqué, « la suspension de missions, lorsqu’elles ne respectent pas les principes du service civique, est une procédure courante. Cette suspension permet de revoir le contenu de la mission. » Pour l’agence, « cette procédure standard a été suivie lorsque les missions proposées par l’association Lallab, en partenariat avec Unis-Cités, ont été dépubliées du site le mercredi 16 août dernier, en raison d’un risque de substitution à l’emploi. » Autrement dit, le Service civique dit étudier si les missions proposées par Lallab ne se substituent pas à des contrats de travail classiques avant de prendre une décision définitive.

De son côté, Lallab a publié un communiqué. Les responsables de l’association dénoncent la « campagne de harcèlement » dont elles ont été la cible. La troisième en neuf mois. « Cette dernière campagne est de loin la plus violente et la plus désastreuse, touchant via des pressions permanentes les membres de l’association et ses allié·e·s », indique Lallab, qui déplore qu’« une telle campagne de harcèlement fragilise indéniablement nos relations et nos liens avec nos partenaires, elle entraîne également des pertes de temps, d’énergie et de ressources considérables, surtout dans un contexte de travail entièrement bénévole. » Si sur la forme, l’association dénonce les attaques de certains internautes, elle reste confiante pour la suite : Lallab, peut-on lire dans le communiqué, a prévu de rencontrer le Service civique pour plaider sa cause et espère ainsi pouvoir faire appel, comme prévu initialement, à trois volontaires.

Mise à jour : 18 août 2017 à 20h03 avec le communiqué du Service civique, 21 août 2017 à 12h00 avec le communiqué de Lallab.