La proposition émane de Valérie Boyer, députée de la 1re circonscription des Bouches-du-Rhône. Sur RMC, la membre du parti Les Républicains a demandé que soit réaffirmé « le principe de laïcité » et a demandé à ce que « la neutralité s’applique aussi aux usagers du service public. » Autrement dit, dans les transports en commun, pour effectuer des démarches dans les administrations publiques ou encore dans les universités publiques, il serait interdit de porter la kippa, une croix ou le voile.

Etonnante proposition que celle de Valérie Boyer, qui arpent d’ailleurs les plateaux de chaînes de télévision publique avec une croix. Sans le dire, la députée vise bien évidemment les musulmans de France. « Nous sommes passés d’un pays laïque à un pays où les communautarismes gagnent du terrain », a affirmé l’élue marseillaise qui estime que « la liberté de culte » empiète parfois « sur les règles (…) du bien vivre ensemble dans une société. » « Chacun est libre d’avoir sa religion,le soucis est lorsque certains cherchent à l’imposer », a continué Valérie Boyer.

Saut que la proposition de Valérie Boyer d’appliquer la neutralité religieuse aux usager du service public va à l’encontre de cette même liberté de culte qu’elle évoque. Nicolas Cadène, de l’Observatoire de la laïcité, assure par exemple qu’« interdire aux citoyens tout signe religieux (croix, kippa, foulard, etc.) ou autre n’aurait rien à voir avec la laïcité. Au contraire. » Le rapporteur général s’appuie sur l’article 10 de la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen qui indique que « nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi. »

Or, en quoi les usagers du service public provoqueraient des troubles à l’ordre public ? Même Gilles Clavreul, défenseur actif d’une laïcité offensive, admet que la proposition de Valérie Boyer n’est « guère laïque » et « compliquée » à mettre en œuvre. « Ce serait contraire à la DDHC — donc à la Constitution —, aux engagements internationaux de la France et aux principes posés par la loi de 1905 », écrit l’ancien préfet. La députée des Bouches-du-Rhône s’est une nouvelle fois trompée, elle qui, il y a deux ans, estimait qu’« inscrire nos ‘racines chrétiennes’ dans notre constitution » serait « un signal fort contre Daesh. »