Trente signalements par jour. Voilà le bilan que faisait, l’été dernier, le ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer. D’où sort cette statistique ? De l’« adresse spécifique pour les professeurs et les personnels » qui permet à ces derniers d’écrire au ministère « à chaque fois qu’il y a un problème de laïcité », expliquait le ministre à l’époque, qui évoquait notamment des problème de « radicalisation ».

Dans un article très instructif, Libé nous apprend que les cas supposés de « radicalisation » ont totalement disparu des statistiques livrées par le ministère de l’Education nationale au quotidien. Jean-Michel Blanquer a en effet fourni une liste détaillée des signalements d’enseignants. Dans cette liste, on observe notamment des problèmes de « port de signes et tenues à caractère religieux » pour un quart des signalements ou encore des « suspicions de prosélytisme religieux. »

Mais ce qui interpelle Libé, c’est surtout le tiers des signalements inclus dans une rubrique aussi vague qu’incompréhensible : « Autres faits ». On y trouve pêle-mêle des cas de « non-fréquentation prolongée du service de restauration scolaire liée à la pratique d’un culte », des cas de « demandes de précision sur les autorisations d’absences scolaires en raison de la pratique d’un culte » et « des interrogations sur la prise en compte des fêtes et rites religieux dans l’élaboration des calendriers des épreuves des examens ou des sorties scolaires. »

Problèmes vestimentaires, certificats médicaux de complaisance…

Des termes vagues qui prouvent que les enseignants ont encore du mal à définir ce qu’est la laïcité. Une étude récente a montré qu’une majorité d’enseignants se trompaient à propos de cette notion. Comme l’indique le Syndicat national des enseignements de second degré en histoire-géographique dans un tweet, « ce dont les personnels et les élèves ont besoin, c’est de formation et de dialogue dans les établissements, de confiance »… et pas d’un vade-mecum.

Cette semaine, Jean-Michel Blanquer a décidé de communiquer à nouveau sur ces 400 cas traités d’« atteinte à la laïcité » entre avril et juin — sur un millier de signalements. Le ministre a, cette fois, été un peu plus dans le détail : « Habits vestimentaires, certificats médicaux de complaisance, refus de se rendre à la piscine de la part de certaines jeunes filles, refus de certains hommes de serrer la main des femmes, contestation de certains enseignements au nom de la foi »… Voilà les différents cas de signalements effectués par les enseignants.