Manuel Valls, qui avait annoncé quitter la vie politique, a été invité à une soirée organisée par Valeurs actuelles. L’ex-socialiste a montré, s’il le fallait, qu’il avait renié ses idées de gauche.
Il assurait, après plusieurs revers en France et en Espagne, en avoir « terminé » avec la vie politique française. Mais l’appel des projecteurs est décidément trop fort. Ce jeudi, le magazine Valeurs actuelles organisait un important rendez-vous. Plus de 3 500 personnes étaient présentes pour écouter les discours de personnes généralement bien ancrées à droite, voire à son extrême. Parmi elles, Manuel Valls.
Et si, parfois, des personnalités politiques sont invitées pour un débat d’idées, force est de constater que Manuel Valls épouse celles de Valeurs actuelles sans sourciller. Lors d’un échange avec le député européen LR François-Xavier Bellamy, à une question sur le potentiel « effondrement » de « notre civilisation », Manuel Valls a répondu qu’il existait un « risque civilisationnel ».
Pour l’ancien Premier ministre, « avant tout programme politique, avant toute candidature qui l’incarne, il faut penser à défendre cette civilisation, cette culture et cette identité ».
Et à ceux qui doutaient encore du fait que Manuel Valls soit de gauche, il a répondu, en substance, qu’il était au-delà des clivages politiques — son passage du PS au soutien d’Emmanuel Macron n’y est pas étranger — et qu’il était l’ennemi du « wokisme » et d’une certaine gauche qui aurait, selon lui, « sa responsabilité pour ce qui s’est passé à l’école ».
Le « théoricien des ‘gauches irréconciliables’ », comme le surnomme Valeurs actuelles, a donc choisi la facilité en se dirigeant vers des droites qui, elles, sont réconciliables tant elles ont une volonté commune de pointer les mêmes personnes du doigts. Pas étonnant donc que le magazine relate, ce matin, des « scènes improbables », comme celle de « Manuel Valls discutant longuement avec Marion Maréchal, tous les deux rejoints par Mathieu Bock-Côté en coulisses ». Désormais ennemi de « l’islamo-gauchisme », Valls se définit d’ailleurs comme « républicain et patriotique ». La nouvelle façon de se dire d’extrême droite.
On n’en attendait pas moins concernant l’ex-Premier ministre qui, rappelons-le, avait manifesté avec l’extrême droite en Espagne. On est loin de l’époque socialiste de Valls. À l’époque, en 2013, le PS, traitait Valeurs actuelles de « Valeurs poubelles ». En 2015, Valls indiquait pourtant que la droite française « court derrière le FN, donne des interviews à Valeurs actuelles, perd ses repères, perd ses valeurs ». Ses valeurs, l’ancien socialiste semble lui aussi les avoir perdues. D’autant qu’à l’époque, Valeurs actuelles était encore un peu à gauche de l’extrême droite.