Inaugurée le 16 juillet dernier, la mosquée nationale du Ghana, à Accra, sera la seconde plus grande mosquée d’Afrique. Financé par la Turquie, l’édifice impressionnant est une fierté pour 8 millions de musulmans ghanéens.
Une capacité d’accueil de 15 000 fidèles, quatre minarets, un somptueux décor, une école, une bibliothèque, un dispensaire et même un quartier résidentiel pour les employés… La mosquée nationale du Ghana, construite avec le concours financier de l’Etat et certains philanthropes turcs, est un symbole fort et imposant de l’amitié entre la Turquie et le Ghana. Pour le président ghanéen, Nana Akufo-Addo, il s’agit d’un « emblème d’amitié ». « Cette mosquée rassemblera les gens, au lieu de les diviser », affirme le chef d’Etat ghanéen. Également présent à l’inauguration, le président de l’administration des affaires religieuses turques, Ali Erbas, précise qu’« il ne fait l’ombre d’aucun doute qu’il y a un appel à la paix et au salut partout où se trouve un dôme, un minaret, ou un lieu de prière ».
Le Ghana, pays qui regroupe 70 % de chrétiens — protestants, catholiques ou encore pentecôtistes —, est aussi habité par plus de 7,8 millions de musulmans. Ces derniers sont, à l’instar des musulmans nord-africains, majoritairement sunnites – souvent du madhib malékite, rare dans la région ouest-africaine. Il y’a aussi un grand pourcentage d’ahmadis, qui sont très actifs dans le domaine de l’humanitaire au Ghana. Evidemment, beaucoup de chiites vivent aussi au Ghana. En outre, le pays est reconnu pour sa tolérance, la convivialité entre les différentes religions est exemplaire au Ghana.
Le « soft power » turc et la marche vers la coexistence pacifique des religions
La moquée est, avant tout, une matérialisation du « soft power » turc en Afrique subsaharienne. Sous le chef d’Etat turc Recep Tayyip Erdoğan, la Turquie a ouvert 31 nouvelles ambassades en Afrique depuis 2002, pour un total de 43 ambassades. La Turquie entretient des rapports très cordiaux avec une majorité écrasante des pays du continent, et ne cesse d’augmenter les volumes d’échanges commerciaux. Une spécificité du commerce bilatéral turc – 29 milliards de dollars avec les pays africains – est qu’il engage des employés locaux et vise un marché national. De quoi, sans doute, bousculer la mainmise des autres puissances étrangères en Afrique qui se contentent d’importer les matières premières à des prix dérisoires.
En 2016, Recep Tayyip Erdoğan avait décrit l’Etat ghanéen comme un « partenaire principal de la Turquie ». Et le leader turc ne s’en cache pas : tous les moyens pacifiques et respectant la souveraineté sont bons pour renforcer l’amitié turque avec les pays africains. La ressemblance frappante de la mosquée d’Accra avec la mosquée bleue d’Istanbul n’est pas fortuite, nonobstant la différence de taille. La mosquée turque a été construite sur un lieu historique du départ des pèlerins vers la Mecque. Le complexe ghanéen, lui, se situe au cœur de la capitale Accra, et il est visible à de nombreux kilomètres à la ronde. Il est tout aussi remarquable que les édifices annexes, dont l’école (très moderne), la cantine, les terrains de sport et le dispensaire, qui occupent plus de la moitié du terrain. Dans tous les cas, c’est un endroit magnifique dans une ville qui promeut la coexistence pacifique des religions.