Actifs en France, dans les organisations musulmanes, le Maroc et l’Algérie sont à couteaux tirés. Les deux pays ne veulent pas laisser de place à la concurrence.
Les autorités algériennes ont-elles rédigé un rapport pour déplorer le lobbying marocain en France et tenter de s’accaparer les instances musulmanes de l’Hexagone ? C’est en tout cas ce qu’affirme le journal Maghreb Intelligence, qui assure qu’« un rapport sécuritaire a été transmis par les services secrets algériens à leurs homologues français pour les mettre en garde contre des activités subversives menées par des lobbys marocains sur le territoire français ».
Aucune confirmation n’a, pour le moment, été faite. Mais la presse marocaine a pris pour argent comptant la rumeur. Ainsi, L’Hespress affirme que « c’est l’hôpital qui se moque de la charité » et estime que le fait qu’« une compétition d’influence et de postions ait lieu depuis des années entre le Maroc et l’Algérie pour maîtriser l’islam de France est un secret de polichinelle ».
En réalité, cette lutte d’influence — que l’on appelle « islam des consulats » — concerne également d’autres pays comme la Turquie. Preuve en est avec les discussions incessantes qui ont eu lieu au moment de désigner le patron du Conseil français du culte musulman (CFCM) dont la présidence était tournante.
On se souvient aussi que, fin 2021, l’existence d’un certain Mohamed B., né en 1964 au Maroc, mais résident en Alsace, depuis 2018, avait provoqué une polémique. L’homme avait été poursuivi pour « corruption d’agents publics » et pour avoir « cherché à exercer une emprise sur l’islam de France en ‘tamponnant’ le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Mohammed Moussaoui », d’après le magazine Le Point.
Le magazine affirmait alors que Mohamed B. était « plus qu’un simple agent ». Il était « en réalité un rouage essentiel de la Direction générale des études et de la documentation (la DGED, au Maroc, ndlr). Sa mission ? Accroître le contrôle du royaume chérifien sur la pratique de l’islam en Europe ».
Forcément, les tensions entre l’Algérie et le Maroc de ces dernières années provoquent forcément d’autres tensions, cette fois dans la tentative des deux pays de s’accaparer l’« islam de France ». Selon Maghreb Intelligence, le fameux rapport sécuritaire algérien « tente en toute vraisemblance d’impliquer coûte que coûte la France dans les joutes diplomatiques et politiques opposant Alger à Rabat ».
Un document qui expliquerait que « le Maroc manœuvre secrètement pour infiltrer de nombreuses organisations musulmanes afin d’espionner des intérêts français ou de lancer des opérations de déstabilisation de certaines institutions publiques françaises ». Ce n’est pas l’affaire Pegasus, dans laquelle le royaume est accusé d’avoir fait écouter des dirigeants politiques français, qui devrait permettre de contredire cette affirmation.
L’Algérie aurait informé les Français à propos de plusieurs organisations de défense des droits de la communauté musulmane qui sont financées par le Maroc. « Ces organisations religieuses sont en réalité des coquilles vides qui servent uniquement de relais pour le pouvoir marocain et sa propagande sur le territoire français », indique le média.