Le nouvel album de Kery James, intitulé « J’rap encore » est sorti vendredi dernier. L’occasion pour l’artiste de rappeler les faiblesses du rap français aujourd’hui. 

« Les rappeurs maintiennent nos petits frères dans la médiocrité », accuse notamment Kery James dans son nouvel album. Il décrit même un « art à l’agonie, sans âme et sans poésie », sur lequel a été « monté des empires ». 

Déjà en 2009, il dénonçait un « rap capitaliste, égoïste et narcissique », dans ‘Le retour du rap français’. 

J’essaie de faire du lobbying dans le rap français, de diriger le bateau dans une autre direction », a t-il récemment expliqué à l’AFP. 

Interrogé sur le plateau de Soir 3, le rappeur a explicité sa vive critique. 

« Ce que je reproche aux rappeurs actuels, c’est de faire l’apologie de la drogue, de la violence, mais surtout de placer l’argent au centre de tout. Le rap est devenu une musique assez mercantile, capitaliste. On fait croire aux jeunes que pour exister il faut posséder et ça me dérange terriblement », a t-il déclaré. 

Dans son dernier album, le rappeur lui, poursuit sa carrière avec des textes tout aussi engagés. 

Dans « Pays de merde », le premier single de l’album, il répond aux propos xénophobes du président américain Donald Trump.

Dans la chanson « Amal », il rend un hommage à Amal Bentounsi, dont le petit frère Amine a été tué d’une balle dans le dos par un policier. La jeune femme mène depuis dans un combat contre les violences policières et a décidé de reprendre ses études pour devenir avocate. 

Le rappeur qui s’est essayé avec succès au théâtre l’année dernière avec sa pièce « A vif » sur la banlieue, jouera également dans un film pour Netflix, « Banlieusards ». 

Il vient de tourner avec la réalisatrice Leïla Sy, pour une diffusion du film prévu pour septembre 2019.

Dans celui-ci, le héros doit choisir comme modèle à suivre l’un de ses deux frères : soit le plus grand, joué par le rappeur lui-même, est aux portes du grand banditisme, soit son cadet, un élève avocat.

« J’ai mis trois ans avant de pouvoir tourner « Banlieusards », et moi qui suis très critique des Américains, très étrangement c’est Netflix qui m’a donné la parole, le financement et la diffusion, alors que le cinéma français m’avait fermé les portes », a souligné à ce propos sur France 3 Kery James. 

En attendant la sortie du film, l’artiste se produira en tournée dans toute la France. 

Dans le dernier titre de son disque, il a déjà annoncé que son prochain album pourrait bien être celui de « La ligue », le groupe que Kery James forme avec deux autres rappeurs au discours engagé, Médine et Youssoupha.