Ce week-end, les réactions ont fusé après une scène hallucinante qui s’est déroulée lors d’une séance du Conseil régional de Bourgogne-Franche Comté. Si le nom du Front national a changé, ses idées nauséabondes n’ont en revanche pas bougé d’un iota. En effet, un élu du Rassemblement national, Julien Odoul, a humilié en public une femme musulmane portant le foulard.

Celle-ci accompagnait des jeunes, dont son fils, dans l’hémicycle pour une opération organisée par une maison de quartier. « Au nom de nos principes républicains et laïcs (sic), j’ai demandé à Marie-Guite Dufay de faire enlever le voile islamique d’une accompagnatrice scolaire présente dans l’hémicycle ». Et l’élu d’ajouter, sans sourciller : « Après l’assassinat de nos quatre policiers, nous ne pouvons pas tolérer cette provocation communautariste ».

La scène est violente et insoutenable. Et l’élu totalement à côté de la plaque : « Madame a tout le loisir et la liberté de garder son voile en dehors, dans la rue en dehors, et pas ici, c’est la loi de la République », explique Julien Odoul, qui ne semble pas connaître ce qu’englobe le principe de la laïcité.

« Relisez la loi. N’invoquez pas la laïcité pour exclure, en instrumentalisant la mort d’agents de l’Etat Cette mère n’est pas soumise à la neutralité et n’avait pas à être humiliée et menacée devant son enfant et sa classe venus découvrir le fonctionnement de l’assemblée régionale », rétorque Nicolas Cadène, rapporteur général de l’Observatoire de la laïcité.

Une photo du fils de la dame humiliée montre comment cette intervention a pu être dévastatrice. Marlène Schiappa, elle, a apporté une critique très mesurée, voire totalement à côté de la plaque : « C’est en humiliant les mères publiquement devant leurs enfants qu’on crée du communautarisme », a simplement tweeté la secrétaire d’Etat. Devant le tollé provoqué par sa réaction, elle s’est d’ailleurs défendu encore plus maladroitement en arguant: « On n’a pas été si nombreux à réagir ».

Mais pouvait-il en être autrement ? Marlène Schiappa ne peut pas aller à l’encontre du ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, qui a décidé de jeter de l’huile sur le feu en indiquant que s’il n’est pas interdit, le voile porté par les accompagnatrices de jeunes « n’était pas souhaitable dans notre société ». Avec de telles réactions, le Rassemblement national connaît ses alliés dans sa lutte contre les musulmans.