Le week-end dernier, dans la région de Briançon (Hautes-Alpes), une journaliste suisse a été interrogée par la police. Elle effectuait un reportage sur le passage clandestin de migrants depuis l’Italie vers la France par le col de l’Echelle. Une route de plus en plus empruntée malgré les conditions très difficiles.

L’envoyée spéciale du quotidien, Caroline Christinaz, avait pris place samedi dans une voiture d’un habitant des Hautes-Alpes, qui portait secours aux migrants franchissant le col de l’Échelle, à 1.762 mètres d’altitude, alors partiellement enneigé, pour entrer en France. Un second véhicule transportait le journaliste français de la radio France Culture, Raphaël Krafft. À leur descente du col ils ont été arrêtés par la gendarmerie, alors que les deux véhicules transportaient quatre migrants. Les deux journalistes ont été convoqués à la gendarmerie le dimanche 12 novembre.

Le Temps demande des explications et des excuses à la France

La journaliste mise en cause dans une procédure pour « aide à l’entrée, à la circulation ou au séjour irrégulier d’étrangers sur le territoire français », raconte avoir subi une pression de la part des gendarmes, ainsi que des tentatives d’intimidation. Sur leur demande, elle aurait finit par leur donner son téléphone portable puis son code d’accès. 

«Après une heure de questions sur les faits de la veille, les gendarmes m’ont interrogée sur ma vie privée, puis sur mon loyer, mon salaire, mes numéros et soldes bancaires, ma situation fiscale et patrimoniale. Ils m’ont dit vouloir connaître mes capacités financières pour établir le montant de l’amende», témoigne la journaliste, interrogée pendant deux heures.  

Le journaliste français, convoqué plus tard dans la journée du dimanche, n’a été entendu qu’en qualité de témoin. Il semblerait que l’autorité judiciaire soit intervenue auprès de la gendarmerie de Briançon entre l’audition de la journaliste du Temps et celle de son confrère français de France Culture. 

Pour le journal suisse Le Temps, c’est une « intolérable attaque contre la presse ». « Même en France, les droits des journalistes peuvent être bafoués. Ce n’est pas digne de la France à qui nous demandons des explications et des excuses via ses représentants en Suisse », écrit le rédacteur en chef du journal, Stéphane Benoit-Godet.