Engagé en faveur de la Palestine et contre la politique israélienne, les provocations de Jean-Luc Godard sont souvent passées pour de l’antisémitisme.
« Godard : L’homme qui aimait l’antisémitisme ». Après le décès, le 13 septembre, du réalisateur Jean-Luc Godard, Tribune Juive y va de sa contribution pour le moins osée. Selon le journal juif, Godard « s’est aligné sur les mouvements terroristes palestiniens » et de « propagande » en faveur de l’OLP, l’Organisation de libération de la Palestine de Yasser Arafat.
Plus mesuré, The Times of Israel n’est pas moins tendre : « Le cinéaste avait – entre autres – déclenché une controverse aux États-Unis en 2010 pour ses positions passées sur Israël et les Juifs ».
Meir comparée à Hitler
Si, selon Tribune Juive, « en 1970 avec sa compagne depuis 1969 Anne-Marie Mieville, Godard reçoit une commande du comité central de l’OLP présidé par Yasser Arafat » pour réaliser « Jusqu’à la victoire. » — en réalité « Ici et ailleurs », c’est la comparaison entre Golda Meir et Adolf Hitler qui ne passe pas. L’ancienne Première ministre avait déclaré : « La paix s’installera ici le jour où les Arabes aimeront leurs enfants plus fort qu’ils ne nous haïssent » et n’était pourtant pas connue pour son combat pour la paix.
Mais ce qui vaut à Godard des accusations d’antisémitisme, c’est surtout son engagement en faveur de la Palestine occupée. En 2018, il signait une pétition avec des dizaines d’autres professionnels de l’industrie cinématographique française en faveur du boycott culturel d’Israël, dans le cadre de la saison France-Israël organisée par l’Institut français.
Opposé à la politique sioniste
En 2019, il demandait aussi dans un appel de 400 personnes que la lutte contre la politique sioniste ne soit pas assimilée à de l’antisémitisme. Godard estimait par ailleurs que « les juifs font aux Arabes ce que les nazis ont fait aux juifs ».
Le biographe de Godard, Antoine de Baecque, admet que « la question juive est récurrente » chez le réalisateur mais qu’« elle relève plutôt de l’antisionisme ». Or, les accusations d’antisémitisme viennent plutôt de propos attribués à Godard par Alain Fleischer, dans un de ses livres, sans que ceux-ci soient confirmés. Même si Godard était un véritable provocateur.
Alors Godard était-il antisémite ? C’est Libé qui répond, à sa façon, à cette accusation : « Question impossible, réponse illusoire, tant les étiquettes échouent chacune à leur manière à définir, et délimiter, ce qui peut motiver la lutte politique contre Israël et la haine contre son existence ».