Hervé Morin rêvait d’« israéliser notre sécurité », Christian Estrosi l’a fait. Le maire de Nice a en effet lancé, dans sa ville, une application qu’il qualifie de « révolutionnaire. » Développée en Israël par la start-up de l’ancien Premier ministre Ehud Barak, l’appli Reporty permet de passer un appel vidéo à la police. Un genre de « FaceTime avec la police municipale », selon Véronique Borré, conseillère du maire en charge de la Sécurité à la mairie de Nice, citée par Nice-Matin.

Le principe est plutôt simple : les utilisateurs de l’application qui voudront filmer et signaler des délits pourront le faire en temps réel. « La vidéo apparaît à l’écran avant même que l’opérateur ne prenne l’appel. Et, en plus, il y a une géolocalisation », résume Serge Massiera, directeur des systèmes informatiques de la Ville.

Délation ou geste citoyen ?

Mais l’application Reporty ne risque-t-elle pas de provoquer des débordements ? Plusieurs polémiques ont éclaté après la création de l’opération « Voisins vigilants. » Les Français craignaient de voir se produire un drame comme celui qui avait touché le jeune Trayvon Martin, tué en 2012 par un voisin effectuant une ronde de surveillance dans son quartier en Floride dans le cadre des « Neighborhood Watch Groups », des groupe de surveillance de voisinage.

A Nice, le Syndicat de défense des policiers municipaux craint que des citoyens ne se sentent « investis d’une mission », explique le président Cédric Michel, qui pense que des Niçois pourraient bien, avec cette application, « traquer le délit ou l’incident et donc s’exposer de façon dangereuse. »

Surtout, le syndicat estime que ce n’est, là, pas le rôle de la population de jouer à la police. « Il n’est jamais bon de déléguer un service public de sécurité à des citoyens. Nous estimons que la constatation des infractions doit uniquement relever de la police et que la sécurité doit rester entre les mains de professionnels », explique Cédric Michel à Nice-Matin.

L’opposition municipale, notamment socialiste, dénonce, quant à elle, « une démarche contestable sur le fond et inadmissible sur la forme (…) qui ressemble à l’organisation d’un processus de délation généralisée. » Alors que Nice est, en plus, la ville de France la plus vidéosurveillée de France avec 1 950 caméras.