Force juive, la formation d’extrême droite entrée au gouvernement israélien, veut instaurer la peine de mort pour les « terroristes » palestiniens. Mais cette proposition de loi inquiète, en Israël comme à l’international.
C’était en 1962. La justice israélienne condamnait à mort le nazi Adolf Eichmann, responsable de la logistique de la « solution finale ». L’Allemand avait été exécuté par pendaison, alors qu’il était emprisonné à Ramla. Avant, et depuis, la justice israélienne n’a jamais appliqué la peine de mort. Même si, en 1988, John Demjanjuk avait lui aussi été condamné à cette sentence, avant que cette dernière ne soit finalement annulée.
Le gouvernement israélien aimerait que la peine de mort soit rétablie. Dans les textes, la peine capitale n’a jamais été abolie, même si, depuis 1954, elle ne peut plus être appliquée pour le meurtre. Force juive, l’une des composantes les plus à droite du gouvernement israélien, a proposé que la peine de mort soit applicable pour ceux qui seront qualifiés de « terroristes ».
Si la proposition de Force juive fait polémique, le Comité ministériel israélien sur les questions législatives a décidé d’approuver celle-ci. Le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben-Gvir, estime que, « en ce jour difficile où deux citoyens israéliens ont été assassinés dans une attaque terroriste palestinienne, il n’y a rien de plus symbolique que de voter une loi sur la peine de mort pour les terroristes. Il s’agit d’une loi morale et juste qui existe aussi dans la plus grande démocratie du monde, et d’autant plus dans un pays où une vague de terrorisme accable les citoyens ».
Les plus grandes démocraties en question sont en réalité bien loin d’appliquer la peine de mort, à l’exception des États-Unis ou du Japon. Et cela inquiète, notamment l’Allemagne, qui estime qu’Israël fait là une « grande erreur ». Berlin se dit « particulièrement préoccupé par le projet d’introduction de la peine de mort » dans l’État hébreu. D’autant que cela va à l’encontre de l’histoire : « Dans le monde entier, des États sont en train de renoncer à cette pratique cruelle, notamment parce qu’il est prouvé qu’elle n’est pas dissuasive », assure l’Allemagne.
Reste que la loi devrait normalement être retoquée, les partis ultra-orthodoxes étant opposés à celle-ci. Mais cela envoie un message clair à la Palestine : l’extrême droite compte bien encore un peu plus durcir le ton. « Nous continuerons à agir par tous les moyens sécuritaires, l’activité opérationnelle et la législation, pour dissuader les terroristes et maintenir la sécurité d’Israël. Notre réponse au terrorisme est de le frapper durement et d’approfondir nos racines dans notre pays », a par exemple expliqué le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu.