Alors que la conférence internationale de Varsovie a encore un peu plus tendu les relations entre l’Autorité palestinienne et le gouvernement israélien, Tel-Aviv a décidé de geler 138 millions de dollars (122 millions d’euros) que l’Etat hébreu devait verser à l’Autorité palestinienne afin de protester contre les allocations que cette dernière verse aux familles de prisonniers palestiniens qui ont, selon Israël, commis des attentats, a indiqué dimanche le bureau du Premier ministre.

Selon les autorités israéliennes, ce montant correspond aux allocations versées en 2018 par l’Autorité palestinienne à des « terroristes emprisonnés, à leurs familles et aux anciens détenus ». Le gouvernement israélien doit reverser régulièrement à l’Autorité palestinienne la TVA et les droits de douane qu’il prélève sur les produits importés par les Palestiniens.

Mais en juillet 2018, le Parlement israélien a voté une loi visant à geler ces versements à hauteur du montant des allocations accordées par l’Autorité palestinienne aux auteurs d’attaques anti-israéliennes et à leurs familles.

« Il s’agit d’une loi importante que nous allons appliquer comme je l’ai promis », a déclaré M. Netanyahu avant la décision du cabinet, selon un communiqué de son bureau.

L’Autorité palestinienne présidée par Mahmoud Abbas verse des allocations aux familles de Palestiniens détenus par Israël en fonction des peines qui leur ont été infligées par la justice de l’Etat hébreu.

Ces prisonniers sont en effet considérés par de nombreux Palestiniens comme des héros de la lutte contre l’occupation israélienne de leurs territoires. Israël occupe la Cisjordanie et Jérusalem depuis 1967.

Le président Abbas a souligné à plusieurs reprises que le soutien aux familles des prisonniers et des « martyrs » « constitue un devoir national, humanitaire et social qui doit toujours être rempli indépendamment des pressions israéliennes et internationales. »

 

Les responsables israéliens estiment eux que ces allocations encouragent la violence.

 

Selon les termes de la loi adoptée en 2018 par Israël, le ministre de la Défense présente en fin d’année au cabinet un rapport sur les sommes payées par l’Autorité palestinienne aux prisonniers palestiniens et à leurs familles l’année écoulée.

L’année suivante, Israël gèlera chaque mois un douzième de la somme indiquée dans le rapport sur les taxes et droits de douane qu’il doit aux Palestiniens.

Dans le cas où le ministre de la Défense annonce que l’Autorité palestinienne cesse de verser ces allocations, le cabinet pourra décider de dégeler partiellement ou complètement les fonds retenus.

La présidence palestinienne a critiqué dimanche cette mesure comme une usurpation de l’argent du peuple palestinien.

Le porte-parole du président palestinien Mahmoud Abbas, Nabil Abou Roudeina, a déclaré dans un communiqué que « cette décision arbitraire israélienne viole de manière unilatérale les accords signés dont les accords de Paris »

« La position du président telle qu’il l’a toujours énoncée est que nous n’accepterons aucune atteinte aux moyens de subsistance de nos héros prisonniers et des familles des martyrs et blessés ».

« le gouvernement d’occupation (israélien) cherche à détruire l’Autorité palestinienne en partenariat avec l’administration américaine de Donald Trump », a de son côté accusé dans un communiqué Ahmed Majdalani, un responsable de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), entité reconnue internationalement comme représentant les Palestiniens.