Israël est dirigé depuis un an par un gouvernement intérimaire, trois élections n’ayant pas permis d’aboutir à la formation d’un nouveau cabinet. Et à l’impasse politique s’ajoute la crise sanitaire posée par le nouveau coronavirus, avec 1.442 cas officiellement déclarés et un décès dans le pays.
A l’issue des législatives du 2 mars, Benny Gantz, rival de M. Netanyahu et chef du parti « Bleu-Blanc », a été chargé de former un gouvernement, ayant reçu l’appui de 62 députés, contre 58 pour le Premier ministre sortant. Mais avec un paysage politique morcelé, il n’est pas certain qu’il parvienne à former une coalition stable.
Signe de la gravité de la crise, les activités parlementaires ont été suspendues le 16 mars pour une semaine par le président du Parlement Yuli Edelstein, les députés tout juste intronisés n’étant pas parvenus à mettre sur pied un comité clé nécessaire à la constitution des commissions parlementaires.
Ce comité est généralement le résultat de négociations entre les partis mais comme celles-ci n’ont pas abouti, « Bleu-Blanc » a dit privilégier un vote. Lundi, 61 députés sur les 120 que compte le Parlement ont voté pour la mise en place du comité stratégique.
Le bloc de droite mené par le Likoud de M. Netanyahu a boycotté le vote, en accusé « Bleu-Blanc » de passer en force et de vouloir ainsi chasser du pouvoir M. Netanyahu, sous couvert d’urgence posée par la crise du nouveau coronavirus.
– « Sans précédent » –
« Depuis qu’Israël existe et sous les 22 précédentes législatures, jamais la création du comité et des commissions n’a été soumis à des votes en plénière sans accords » entre partis, a dénoncé le Likoud dans un communiqué accusant « Bleu-Blanc » de « conduite dictatoriale et destructrice, animée par la haine ».
« Dans un acte sans précédent, Netanyahu a essayé de paralyser la Knesset », a lancé Benny Gantz devant un hémicycle quasiment vide. « Cela ne s’est pas produit dans d’autres démocraties dignes de ce nom et ça n’arrivera pas en Israël non plus. »
M. Netanyahu a maintes fois appelé à la formation d’un gouvernement d’union qu’il dirigerait avec M. Gantz, successivement. Mais ce dernier ne veut pas que le gouvernement soit mené par M. Netanyahu, inculpé pour corruption dans trois affaires.
L’un des objectifs des adversaires de M. Netanyahu est de faire adopter une loi empêchant toute personne inculpée d’être Premier ministre. Or pour qu’une telle loi soit votée, il est essentiel que soit issu de leurs rangs le chef du Parlement.
Maintenu en place après les dernières élections, le chef actuel du Parlement Yuli Edelstein est membre du Likoud et ce parti affirme qu’un nouveau président ne peut être désigné qu’une fois un nouveau gouvernement formé.
« Bleu-Blanc », qui pousse pour que son député Meir Cohen soit chef du Parlement, a fait appel à la Cour suprême pour trancher.
Celle-ci, dans un avis non contraignant publié lundi, a invité M. Edelstein à organiser un vote d’ici mercredi pour qu’un successeur soit désigné.
– « Décision dangereuse » –
Mais M. Edelstein a refusé ce qu’il a qualifié « d’ultimatum » invoquant qu’il n’appartenait pas à la Cour suprême de déterminer l’ordre du jour du Parlement.
Dans une autre affaire, la Cour suprême a donné jusqu’à mardi aux députés pour mettre en place la commission des Affaires étrangères et de la Défense.
Celle-ci sera chargée de contrôler l’application de la mesure d’urgence, prise la semaine dernière par le gouvernement, autorisant le service de sécurité intérieure Shin Beth à collecter des données sur les citoyens pour lutter contre la propagation du nouveau coronavirus.
Un recours contre cette mesure avait été déposé par la « Liste unie » des partis arabes, troisième force politique du pays, et par des ONG défendant les droits civils.
« Bleu-Blanc » avait dénoncé « une décision dangereuse » car prise sans le contrôle habituel d’une commission parlementaire.