La ministre de la Culture, Miri Regev, entretient des relations plus que tumultueuses avec le monde artistique israélien. C’est presqu’un euphémisme. En 2017, elle avait notamment lourdement critiqué « Foxtrot », le film du cinéaste israélien Samuel Maoz qui montrait des soldats israéliens tuer un Palestinien innocent et étaient couverts par leur supérieur.

A-t-on encore le droit de critiquer la politique israélienne ou l’armée d’occupation au cinéma ou au théâtre ? Plus pour très longtemps puisque le gouvernement israélien pourrait, très bientôt, ne plus accepter de subventionner les films et les pièces de théâtre qui remettraient en cause l’Etat hébreu. En effet, une proposition de loi est sur le point d’être approuvée par la Parlement à ce sujet, après avoir été adoptée par le gouvernement dimanche dernier.

Plus concrètement, on parle là de supprimer les subventions des œuvres artistiques qui ne feraient pas preuve de « loyauté » envers Israël. La suppression de subventions pourra concerner les films, les pièces de théâtre mais aussi les événements comme les festivals qui s’attaqueraient, selon le jugement du gouvernement, à l’Etat. Il sera par exemple interdit aux artistes de représenter le jour de la Nakba comme une journée de deuil.

« Oui à la liberté de la culture, non aux provocations ! », résume Miri Regev qui s’est déjà attirée les foudres de l’opposition autant que des artistes. Pour la députée Tzipi Livni, « exiger une loyauté dans les arts est une nouvelle étape pour faire taire la liberté d’expression et forcer la culture à être le porte-parole du gouvernement. » Même Benyamin Netanyahu serait sceptique et préfèrerait ne pas toucher à la liberté d’expression. C’est dire !