Gavin McInnes, le journaliste et fondateur de Vice, icône de la presse américaine anti-conformiste, assume désormais des positions de fond islamophobes et anti-immigration.

« En tant qu’homme hétéro aux côtés d’un homo, je voulais juste dire, j’emmerde l’Islam (Fuck you Islam) ». Lieu : une conférence de presse en Floride. La date : le 15 juin, soit trois jours après la pire fusillade de l’histoire des Etats-Unis, à Orlando. L’homo : Milo Yannopoulos, journaliste britannique d’extrême droite, qui a traversé l’Atlantique pour convaincre l’audience des dangers de l’Islam et de la « phobie de l’islamophobie ». L’hétéro (enfin) : Gavin McInnes. C’est la présence de ce dernier qui dénote dans un tableau convenu à l’avance.

Journaliste et critique de mode, Gavin McInnes est l’un des fondateurs du magazine Vice au début des années 1990. A ce titre, il était considéré comme le pape des « hipsters », un faiseur – et défaiseur – de tendances qui s’est fait connaître, via sa publication, comme le chantre de la contre-culture américaine. Et quelle est the tendance aujourd’hui, selon McInnes ? Tomber à bras raccourcis sur l’Islam et ses pratiquants, tout en remettant au goût du jour et en glorifiant le WASP (White Anglo-Saxon Protestant) comme icône de l’américanité naguère vilipendée pour son monopole politique et culturel sur le pays de l’Oncle Sam.

« Défendre l’homme blanc »

Le virage islamophobe pris par le magazine est une évidence quand on recense le nombre de sujets anti-musulmans, dont la fréquence s’est significativement accélérée depuis 2015. Tapez « islam » sur la barre de recherches du site vice.com, et vous trouverez sur les dix premières pages des articles allant de « Pourquoi j’ai quitté l’Islam et encourage les autres à le faire » à « Sauver les ex-Musulmans », en passant par « Le problème des Blancs convertis » ou encore, « Retour de bâton pour l’Islam ». Plus qu’une tendance, une lame de fond, agrémentée de temps à autre de propos anti-immigration voire, clairement xénophobes. « Je ne veux pas que notre culture soit diluée. Nous devons fermer les frontières maintenant et faire en sorte que tout le monde s’assimile à un mode de vie occidental, blanc et anglophone », avait-il confié au New York Times en… 2003.

Sans surprise, le finaliste 2009 du concours du hipster de la décennie organisé par le site Gawker est l’un des soutiens inconditionnels de Donald Trump, candidat républicain à la Maison Blanche. Dont il partage et diffuse, via son groupe « Proud Boys », la rengaine de « l’homme-blanc-qui-est-en-minorité-et-en-danger-face-au-féminisme,-à-l’antiracisme-et-au-politiquement-correct », cause selon lui de tous les malheurs des États-Unis. Une antienne aux forts accents zemmouriens… A croire que le comble du hype se niche dans le conservatisme le plus rétrograde.

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