Le tribunal de commerce de Paris statuera jeudi prochain sur l’avenir de l’hebdomadaire Marianne, indique Le Monde. La direction de l’hebdomadaire a en effet déclaré Marianne en cessation de paiement et a demandé le placement en redressement judiciaire avec poursuite de l’activité assorti d’une période d’observation de six mois. Créé en 1997 par Jean-François Kahn et Maurice Szafran, le magazine a longtemps été le principal combattant de la pensée unique, avant de sombrer, ces dernières années, dans une ligne éditoriale teintée de sionisme et d’islamophobie. Malgré les subventions accordées dans le cadre du fonds stratégique pour le développement de la presse, les finances de l’hebdomadaire sont dans le rouge. Les ventes du magazine ont baissé de 8,3 % sur les neuf premiers mois de 2016. Et, même si la publication ne perd plus d’argent, selon son actionnaire, le besoin de trésorerie risque d’avoir raison de Marianne.

L’obsession arabo-musulmane

Cette érosion des ventes correspond quasiment à la mise en place d’une ligne de plus en plus dure vis-à-vis des musulmans. Voguant sur une vision particulière de la laïcité, Marianne a participé au lancement du Printemps républicain l’année dernière, en publiant notamment le manifeste de cette association très controversée. Invitant des auteurs dont l’islamophobie n’est plus à démontrer — Céline Pina ou Laurent Bouvet, entre autres —, Marianne n’a pas hésité à taper sur l’Observatoire de la laïcité ou sur le voile, jugeant notamment que ce dernier est « un signe de soumission et d’oppression. » Avec son dossier sur « Les mauvaises ondes de Beur FM… », Marianne avait également, en mai 2015, affirmé que les animateurs de la célèbre radio parisienne étaient des « complices de l’islamisme. » Le magazine a également adopté, depuis plusieurs années, une ligne prosioniste. A propos de BDS, la journaliste Martine Gozlan avait estimé que le boycott des produits israéliens était « un scandale » et mélangeait antisémitisme et antisionisme sans sourciller. Mais n’est pas Valeurs actuelles qui veut. La ligne radicale de Marianne ne semble pas avoir pris auprès de son lectorat, qui a été de moins en moins enclin à lire le magazine de Kahn et Szafran, qui ne doivent aujourd’hui plus reconnaître leur bébé.