A évènement brutal, hommage hors norme. Telle semble être la devise dernièrement adoptée par les autorités iraniennes, suite au décès prématuré de Maryam Mirzakhani, la première femme dans l’Histoire à avoir remporté la médaille Fields, l’équivalent en prestige du « Prix Nobel » pour les mathématiques. Emportée ce samedi, à seulement 40 ans, par un cancer fulgurant aux Etats-Unis, la mathématicienne a fait la une de la presse iranienne, qui n’a pas hésité à publier à cet effet des photos d’elle sans le voile réglementaire. « La génie des mathématiques a cédé devant la mort », a ainsi titré Hamshahri, le quotidien du pays à plus grand tirage, avec, en une, une photo en noir et blanc de la jeune femme qui arbore sa coupe de cheveux à la garçonne. « Fin de partie pour la reine des mathématiques », a par ailleurs commenté le quotidien économique Donaye Eghtessad, qui a également repris une photo tête nue de la défunte.

Une scientifique hors norme

A l’instar des grands médias iraniens, les responsables politiques ne se sont pas embarrassés de préceptes religieux encombrants pour exprimer leur chagrin. A commencer par le président de la République islamique en personne et nouvellement réélu, Hassan Rohani. Via son compte Twitter, le chef de l’Etat nouvellement réélu a déploré une « triste disparition », en illustrant son post d’une photo de la scientifique sans voile.

Sans doute, cet hommage à la teneur inédite est-il à la mesure de la principale concernée, née à Téhéran en 1977 où elle a entamé sa brillante carrière, avant de la poursuivre outre-Atlantique. Avant la médaille Fields, décrochée en 2014 pour ses travaux en géométrie complexe et systèmes dynamiques, Maryam Mirzakhani avait remporté, cinq ans plus tôt, le prix Blumenthal de l’American Mathematical Society, puis en 2013, le prix Ruth Lyttle Satter qui récompense les travaux de femmes scientifiques.