Cela fait deux mois que le réseau européen Génération identitaire (GI) – et en particulier ses antennes française, italienne et allemande – se mobilise pour collecter des fonds pour le projet « Defend Europe ». Après de vives contestations des ONG, de nombreuses pétitions et la fermeture de leur compte par le Crédit Mutuel, ils auront finalement réussi à réunir les fonds nécessaires pour louer un navire, le C-Star. Partis en fin de semaine dernière de Djibouti, ils doivent franchir jeudi le canal de Suez et embarquer des militants à Catane (Sicile) la semaine prochaine avant de gagner la zone des secours au large de la Libye. Leur mission ? Empêcher « les ONG pro-migrants d’amener les clandestins sur nos terres ! » Plusieurs ONG engagées dans les opérations de secours en mer ont déjà exprimé leur inquiétude face à l’arrivée de ce bateau, qui va clairement entraver le sauvetage de migrants en Méditerranée. En France, une ONG a d’ailleurs signalé l’opération à la justice, dénonçant une « provocation à la discrimination » et un risque de « délit d’entrave aux secours ».

Aucune réaction politique ?

Cette « mission » ne semble pas choquer la classe politique européenne. Et  certains d’entre eux légitiment même ce genre d’action. « Quand le gouvernement britannique ou ses homologues européens évoquent des ‘flux’ de migrants, ou perpétuent le mythe selon lequel les opérations de sauvetage sont facteurs d’attraction, voire ‘un service de taxis’, cela nourrit les groupes d’extrême droite », explique un humanitaire. De son côté, le président français Emmanuel Macron est trop occupé à discourir sur le taux de (sur-)natalité en Afrique…