Après avoir parlé d’ambigüité concernant ses propos sur les musulmans, Michel Houellebecq n’est plus visé par une plainte de la Grande mosquée de Paris, qui a pris ses mots comme des excuses.
« Michel Houellebecq ne différencie pas les musulmans qui s’intègrent et les islamistes ». Chems-Eddine Hafiz, recteur de la Grande mosquée de Paris, a récemment indiqué qu’il portait plainte contre Michel Houellebecq au nom de l’institution parisienne. La faute à des propos de l’auteur qui, début décembre 2022, avait indiqué que « le souhait de la population française de souche » n’était « pas que les musulmans s’assimilent, mais qu’ils cessent de les voler et de les agresser ».
Dans une interview au Point, le recteur affirme : « Je combats Houellebecq et tous ceux qui s’en prennent aux musulmans de France ». Tout en nuançant le fait qu’il ne porte plainte contre l’homme mais contre l’auteur.
Ce jeudi, changement de cap : dans un tweet, la mosquée de Paris assure que son recteur « a rencontré ce matin Michel Houellebecq, qui reconnaît ‘que les paragraphes concernés sont ambigus. Je les remplacerai donc, dans l’édition à venir, par des paragraphes explicitant mieux mon propos, et qui, je l’espère, ne heurteront pas les musulmans’. »
Chems-Eddine Hafiz assure donc qu’il retire sa plainte. Un revirement étonnant. Car si la prise de position de la GMP a surpris, tant elle allait dans le sens de la défense de toute la communauté musulmane, cette annonce apporte de la confusion : peut-on pardonner à Houellebecq ses propos ?
A priori non : même lui, d’ailleurs, se moque de la GMP. « La Grande Mosquée de Paris est en progrès. La première fois qu’elle m’avait traduit en justice, il y a déjà vingt ans, j’étais accusé de ‘provocation à la haine raciale’. C’était idiot, tout le monde sait que l’islam n’est pas une race, mais une religion à visée universelle, répandue un peu partout dans le monde, et la procureure n’avait logiquement pu que demander ma relaxe, expliquait l’auteur au Point. Je suis cette fois accusé d’islamophobie, ce qui est davantage pertinent ».
Il indiquait que « l’islam est une religion qui ne m’inspire guère de considération, dans une certaine mesure je plaide donc coupable ; à condition d’ajouter que je suis un islamophobe à temps partiel. De fait, l’islam m’intéresse peu. J’avais relu intégralement le Coran au moment où j’écrivais ‘Soumission’ ; ça m’avait suffi ».
Une discussion entre le recteur de la GMP et l’auteur n’était certes pas idiote. Mais une telle incitation à la haine de Houellebecq et surtout le fait qu’il s’en amuse aurait certainement dû inciter la Mosquée de Paris à aller au bout des choses.