C’était en 2013. Bien avant la polémique sur la « mode pudique » lancée par Elisabeth Badinter et Laurence Rossignol. Hélène Agésilas et Malika Maza étaient, à l’époque, deux quadras qui ne se retrouvaient pas dans la « modest fashion » proposée en France et au Royaume-Uni, là où elles vivent respectivement. « Les vêtements étaient importés de Chine, de Turquie ou du Moyen-Orient et ne nous correspondaient pas du tout », se souvient Hélène. Des vêtements souvent « bling-bling » et en polyester. Quant aux mannequins présentant les lignes de vêtements, « on avait toujours l’impression qu’elles partaient en soirée ou à un mariage », ironise Hélène. « Malika et moi ressentions un besoin, l’envie de créer une marque un peu spéciale », ajoute la Parisienne. Et de l’idée à l’entrepreneuriat, il n’y a qu’un pas, que les deux jeunes Françaises ont franchi. En 2013 est née leur marque, Fringadine. Quelques mois plus tard, elles commercialisaient leurs premiers modèles sur internet.

Une « démarche éthique » et « made in France »

Et ça marche. A l’occasion du ramadan 2017, Hélène et Malika en sont à leur onzième collection. Mais qu’a-t-elle de si particulier, cette marque ? L’univers de Fringadine, on le reconnaît à « l’humeur modestement chic avec un brin de french touch », résument les deux créatrices. Plus qu’un brin d’ailleurs : Hélène et Malika font appel à des artistes-couturiers français et utilisent des matériaux comme le coton ou le lin. Car, estiment-elles, « la France a un savoir-faire reconnu en la matière », indique Hélène, qui estime qu’il y a dans cette façon de faire de la « modest fashion » made in France « une démarche éthique. » Avec un volonté claire : satisfaire à leurs clientes. Et se démarquer par rapport aux marques déjà existantes qui, elles aussi, se sont lancées sur le créneau. « Contrairement aux marques internationales encore ‘frileuses’ qui ne s’adressent à la clientèle musulmane que pendant le mois de ramadan, chez Fringadine, nous nous intéressons à notre clientèle au cours des douze mois de l’année », explique fièrement Hélène.

Une marque pour les femmes modernes et dynamiques

Et si les collections visent clairement les musulmanes, les créatrices assurent que « les non-musulmanes peuvent aussi trouver leur bonheur chez Fringadine. » En tout cas, Hélène et Malika visent clairement les working-girls, les femmes modernes et dynamiques, celles qui veulent se sentir à l’aise dans leurs vêtements. « Aujourd’hui, Fringadine répond aux besoins quotidiens de nombreuses femmes tant dans leurs activités professionnelles que dans leurs loisirs tout en respectant leurs préceptes religieux », résument les entrepreneuses, dont la petite entreprise commence doucement à décoller. Et ce malgré une certaine réticence de la part des médias à parler de « modest fashion » en France de façon positive. Le sujet a, certes fait la une des médias l’an dernier. Mais de façon négative avec la polémique lancée par Laurence Rossignol. « On la remercie, cela nous a fait beaucoup de pub », s’amuse cependant Hélène, qui planche déjà avec Malika sur sa prochaine collection.