Deux policières du commissariat de Douai, dans le Nord, ont porté plainte pour harcèlement sexuel contre l’un de leurs collègues en juillet dernier. Elles dénoncent son « comportement malsain », ses « réflexions misogynes » et ses « propos toujours tournés vers le sexe. » 

« Il est entré dans son bureau en donnant un coup de pied dans la porte, en dégrafant son pantalon et en la menaçant »

L’une d’elle a témoigné sur Europe 1. Elle y rapporte les propos agressifs et crus de son collègue. Un jour, il serait même entré dans son bureau en donnant un coup de pied dans la porte, en dégrafant son pantalon et en la menaçant. 

La policière en congé maladie, a porté plainte, après deux ans de brimades régulières. Dès sa prise de poste en 2014, une brigadière du même commissariat s’était plainte auprès d’elle du mauvais comportement de leur collègue. Lors de l’enquête de l’IGPN, le policier mis en cause a nié les accusations, et plaidé pour une forme d’humour.

Dans le même temps, Morgane Blanchet, une ex-militaire témoigne elle aussi de harcèlement sexuel. Elle met en cause deux de ses anciens supérieurs.  La jeune femme de 19 ans avait commencé une formation pour devenir officier de l’armée de terre. Durant quelques mois, elle raconte sur LCI avoir subi des remarques à connotations sexuelles et racistes, ainsi que des violences physiques. Une enquête interne a été menée et les militaires se sont vus imposer vingt jours d’arrêts. Une sanction lourde selon l’armée de terre, pour des militaires bien notés. 

82 % des victimes ont mal vécu leur dépôt de plainte à la police

Dans ces milieux toujours très masculins que sont l’armée et la police, l’omerta sur le harcèlement sexuel et les comportements misogynes est de mise. Il n’est pas bien vu de « balancer » ses collègues. Dans les locaux même de la police, l’accueil des victimes serait également encore inadapté, et leur parole peu prise en compte.

82 % des victimes qui se sont rendues dans des commissariats ont mal vécu le dépôt de plainte et 70 % ne se sont pas senties reconnues comme victimes par la police et la justice, selon l’enquête «Impact des violences sexuelles de l’enfance à l’âge adulte» (2015) menée par l’association Mémoire traumatique et victimologie

D’ailleurs seules 11 % des victimes d’un viol ou d’une tentative de viol et 2 % des victimes d’agression sexuelle se déplacent dans un commissariat ou à la gendarmerie pour déposer plainte, selon l’enquête «Cadre de vie et sécurité» de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales. 

Le 20 octobre, quelques temps après le lancement du hashtag #BalanceTonPorc, la Police Nationale a pourtant encouragé les victimes à porter plainte sur son fil Twitter. « De jour comme de nuit, des policiers spécialement formés accueillent les victimes dans les commissariats », a t-elle rappelé dans un tweet.