« Je suis favorable à l’étourdissement avant abattage. » N’y voyez aucune allusion à la chasse à l’homme dont François Fillon se dit victime. D’ailleurs, cette petite phrase date de novembre dernier, avant que celui-ci ne soit au centre d’un scandale politico-financier. Alors interrogé par le magazine La France agricole, le candidat à la présidentielle est sommé de se prononcer sur le statut de l’animal. Ni une ni deux, cela lui fait penser, on ne sait par quel tour de passe-passe, à l’abattage rituel. « Je veux réfléchir avec les producteurs agricoles, les industriels et les associations de protection animale sur des modalités précises pour s’assurer que les animaux soient élevés et mis à mort dans des conditions dignes », explique tout d’abord François Fillon, avant de se dire, donc, « favorable à l’étourdissement avant abattage. » La raison ? Selon le candidat de la droite, « les lois de la République doivent s’appliquer avant les consignes religieuses. » Il cite même le cas de la Jordanie, où « l’abattage rituel autorise l’étourdissement. » Ce combat contre les rites religieux — halal et casher confondus — est plus qu’une simple mesure, conclut François Fillon, il s’agit d’« un débat sur des symboles. »

Les responsables juifs montent au créneau

Si cette interview, exhumée par le site Actualité Juive, ressort aujourd’hui, c’est parce que le grand rabbin de France, Haïm Korsia, se dit aujourd’hui « surpris » des propos du candidat de la droite. Le responsable religieux a, lundi dernier, lors d’une cérémonie de remise d’insignes de la Légion d’honneur, tenu à interpeler le président du Sénat, Gérard Larcher, un des principaux soutiens de François Fillon. « Je lui ai rappelé l’importance que la République attache à la laïcité et au libre exercice des cultes, et donc la nécessité de préserver l’abattage rituel », indique ainsi le grand rabbin, qui affirme que « Gérard Larcher (…) a assuré qu’il ferait part de (ses) inquiétudes à François Fillon. » Quant au président des Consistoires, Joël Mergui, il assure que la dérogation actuelle pour l’abattage rituel permet « la conciliation des lois de la République avec les exigences religieuses, à savoir le rite casher et halal. » Et rappelle au site internet juif que l’abattage rituel « n’est pas source d’une souffrance animale supérieure aux autres modes d’abattage. » Pour Joël Mergui, il est à espérer « qu’aucun candidat à l’élection présidentielle ne reviendra sur un acquis qui a permis  d’apaiser les tensions sur ce sujet. »