Le parquet de Paris demande un procès aux assises contre le hacker franco-israélien Ulcan qu’il tient responsable de la mort en 2014 d’une victime d’un de ses canulars téléphoniques extrêmes, a appris l’AFP mardi auprès des avocats.

Ce cybermilitant de 36 ans, installé en Israël depuis 2010 et objet d’une demande d’extradition, est visé par un réquisitoire du 31 janvier pour, entre autres, des « violences volontaires avec préméditation ayant entraîné la mort sans intention de la donner ».

A l’été 2014, Ulcan, de son vrai nom Grégory Chelli, adepte du piratage de sites pro-palestiniens ou de médias, avait multiplié les représailles contre le média en ligne Rue89, mécontent de la publication d’un portrait qui lui était consacré.

Le 1er août, le trentenaire, déjà connu pour les canulars poussés à l’extrême de son site « ViolVocal », avait ciblé le père de Benoît Le Corre, l’auteur de l’article.

Piratant la ligne téléphonique, l’activiste s’était fait passer pour le père du journaliste auprès des forces de l’ordre qui croyaient avoir affaire à un homme retranché armé après avoir tué sa femme et son bébé.

Une vingtaine de policiers avaient cerné la maison à 4h30 du matin.

Quatre jours plus tard, le père était victime d’un infarctus, avant de décéder un mois et demi plus tard.

« Le lien de causalité (…) a été établi par expertise médicale » et par des témoignages de l’entourage de M. Le Corre, « extrêmement choqué » par ces agissements, conclut le réquisitoire consulté par l’AFP.

« De manière extravagante, une expertise médicale non-contradictoire aura donc décidé qu’une mauvaise plaisanterie supposément commise par M. Chelli serait en lien discutable avec le décès d’une personne, connue pour ses graves troubles cardiaques », a réagi son avocat, Me Gilles-William Goldnadel.

Le parquet demande également qu’il soit jugé pour ses autres canulars, qui avaient visé un policier et plusieurs journalistes, dont le directeur de Rue89, Pierre Haski.

Ce dernier avait été aussi victime d’une mise en scène déclenchant l’intervention des forces de l’ordre le 8 août 2014 à Paris.

Il revient désormais au juge d’instruction de décider de la tenue d’un procès, également réclamé par le parquet pour, notamment, « dénonciations mensongères » et « calomnieuses », « appels téléphoniques malveillants réitérés », « usage de données d’identification d’autrui en vue de porter atteinte à sa tranquillité ou à son honneur » et « menaces de morts ».