Le 22 juillet dernier, en plein milieu de l’été, le gouvernement annonçait une baisse de 5 euros par mois des aides aux logement à compter du 1er octobre. Avec un objectif déclaré : réaliser 2 milliards d’euros d’économies. La nouvelle mesure n’est pas passée inaperçue, surtout auprès des étudiants, qui sont 800 000 à en bénéficier sur les 6,5 millions d’allocataires. Depuis, la grogne s’intensifie. Fin août à Paris, une trentaine d’associations ont manifesté devant la caisse des allocations familiales (CAF). Mardi matin, une centaine d’étudiants manifestaient encore devant leur Centre régional des œuvres universitaires (Crous) à Toulouse. En réponse à cette mesure impopulaire, le président Emmanuel Macron a appelé « tous les propriétaires à baisser les loyers de 5 € » par mois, lors d’un discours devant les préfets, mardi à l’Elysée. Une mesure qui fait a fait réagir Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole du DAL (Droit au Logement), déjà sur d’autres fronts liés à la crise du logement en France: « Ce n’est pas sérieux de demander ça aux bailleurs, jamais ils ne le feront. Mais Emmanuel Macron reconnaît ici implicitement que la baisse des APL ne fera pas baisser le prix des loyers. »

15 220 expulsions forcées en 2016 contre 5 936 en 2000

Pour lui et son association, il est avant tout indispensable d’aller vers un encadrement des loyers, qui n’ont jamais été aussi chers en France depuis quinze ans, surtout dans les grandes agglomérations. « Il y a un accroissement des inégalités et une paupérisation des locataires qui ne cessent d’augmenter. Mais tous les ans, le gouvernement cherche par tous les moyens à faire des économies sur le budget du logement », dit-il. L’année dernière, le gouvernement souhaitait déjà supprimer les APL des étudiants sous le régime fiscal de leurs parents ou encore pour les locataires d’un logement au loyer élevé, soupçonnés d’avoir des « ressources cachées. » Aujourd’hui la part du budget des ménages modestes consacrée au logement avoisine les 30 %, selon l’INSEE, et atteint même 40 % pour un locataire sur cinq du parc privé.

Une baisse de 5 euros aurait donc un « impact terrible » pour ces familles, constate le DAL, qui s’inquiète de la volonté d’Emmanuel Macron d’aller encore plus loin sur cette baisse des APL dès 2018. En 2016, l’association a recensé 15 220 expulsions forcées, contre 5 936 en 2000. « Si on baisse les APL sans intervenir sur l’augmentation des loyers et de la rente locative, on risque de plus en plus d’expulsions dès l’année prochaine », s’inquiète Jean-Baptiste Eyraud, qui regrette le manque de courage de l’Etat sur ces questions. Il rappelle également la situation globale du logement, qui ne cesse de se dégrader : surpeuplement, plusieurs générations qui cohabitent dans le même logement, personnes qui dorment dans leur voiture ou travailleurs sous contrat qui se retrouvent sans toit…

Réformes sur le logement : un projet de loi très attendu 

Le 13 septembre prochain, les grandes lignes du projet de loi sur le logement seront dévoilées, pour un premier débat au Parlement à l’automne. Le dispositif Pinel, qui permet de bénéficier d’allégements fiscaux pour l’achat d’un logement neuf et le prêt à taux zéro devraient être revus à la baisse. Associations et syndicats étudiants sont sur le qui-vive. « Nous organiserons une seconde marche très bientôt et nous invitons les locataires à sortir de chez eux pour protester », conclut le DAL qui ne compte pas rester les bras croisés en attendant que la politique du gouvernement concernant les locations s’aggrave encore.