Dans un nouveau rapport publié le 17 décembre, Amnesty France estime que la police a fait « un usage inapproprié » des flahsball sur la foule et des gaz lacrymogènes « contre des manifestants majoritairement pacifiques », lors des manifestations de ces dernières semaines.

L’ONG ajoute que des grenades de désencerclement ont été lancées alors qu’elles « ne devraient jamais être utilisées dans des opérations de maintien de l’ordre ».

Amnesty assure avoir pu recenser de nombreux cas de recours excessifs à la force, notamment grâce à des vidéos tournées par les gilets jaunes et par des témoignages directs de victimes.

Audrey, une secouriste dont 10 des 15 personnes soignées par son équipe ont été blessées par des flashball, raconte qu’un « homme a inhalé tellement de lacrymo qu’il s’est retrouvé à genoux avec des spasmes » et que celui-ci « tremblait de partout ».

Une vidéo montrerait aussi un journaliste avec un casque de presse touché dans le dos par une grenade alors même qu’il s’éloignait du cordon de policiers.

« Il est vrai que le maintien de l’ordre pendant les manifestations est une tâche délicate et que certains manifestants ont commis des actes violents et illégaux, mais il n’en reste pas moins indispensable de respecter le droit français », souligne Amnesty France.

1 407 manifestants blessés, dont 46 grièvement depuis le début du mouvement gilets jaunes

L’ONG demande aux policiers de ne recourir à la force « que lorsque cela est strictement nécessaire » et d’en « user avec retenue ».

Depuis le début des manifestations le 17 novembre 2018, selon les chiffres officiels, 1 407 manifestants ont été blessés, dont 46 grièvement, en France.

Parallèlement au mouvement des gilets jaunes, Amnesty pointe aussi du doigt les violences policières suite au mouvement des lycéens, pour protester contre la réforme du baccalauréat et les procédures d’admission à l’université.

L’ONG revient notamment sur la vidéo largement partagée sur les réseaux sociaux,  où l’on y voit des élèves d’un lycée de Mantes-la-Jolie agenouillés par terre et menottés dans le dos.

Mourad Battikh, avocat de plusieurs de ces jeunes, affirme que certains seraient restés 4h dans cette position.

Amnesty demande une enquête « indépendante » et « efficace »

« Le maintien des élèves dans une telle position pendant si longtemps, s’il est confirmé, s’apparente à un traitement cruel, inhumain ou dégradant, interdit en toutes circonstances par le droit international », rappelle Amnesty.

Une autre avocate dénonce également le fait que les interrogatoires des jeunes n’aient pas été filmés comme le veut la loi française et que les avocats n’aient pu y assister.

Enfin, Amnesty indique que 717 policiers, gendarmes et pompiers ont aussi souffert de violences, largement condamnées par les autorités et de manière légitime.

Mais l’ONG juge que les violences policières envers les manifestants doivent aussi « faire l’objet d’une enquête indépendante, impartiale et efficace ».