Le FBI prétend ne plus pouvoir déchiffrer les iPhone et Apple a refusé de les aider à le faire. Après avoir été mouillée dans les révélations Snowden pour sa collaboration dans le programme “PRISM”, la marque à la pomme a refusé de coopérer avec le FBI dans l’affaire de l’attentat de San Bernardino. Outre-Atlantique, les autorités américaines n’ont pourtant généralement aucun mal à obtenir les données des utilisateurs du web ou de téléphones. Même si, depuis 2015, avec le passage du Freedom Act, la NSA et le FBI n’ont plus d’accès illimité aux données téléphoniques et doivent formuler des demandes ciblées et justifiées pour cela. Mais le Patriot Act, mis en place après les attentats de septembre 2001, a libéralisé la pratique qui consiste, pour les opérateurs, à livrer des données sur leurs utilisateurs aux autorités. Si bien que Google, Facebook, Yahoo, LinkedIn et Microsoft ont signé un accord avec le département américain de la Justice en s’engageant à envoyer régulièrement des données au gouvernement.

Du côté de la France, les clients des opérateurs téléphoniques ne sont pas mieux protégés :  en 2014, un document d’Edward Snowden montrait qu’Orange coopérait avec les services secrets pour « améliorer les capacités nationales d’interception sur les réseaux de communication » et « casser les cryptages de données qui circulent dans les réseaux. » Trois ans plus tard, c’est au tour de Xavier Niel, fondateur de Free, de faire une confidence sur le sujet : le patron admet en effet, dans une interview citée par 01net, que sa Freebox pourrait servir à surveiller certains utilisateur et ce, même s’il assure qu’« il n’y a pas d’espionnage en France, c’est bien connu. » « Avec l’accord d’un juge ou des accords administratifs, oui, il y a des écoutes et des interceptions et je crois qu’elles ont beaucoup augmenté depuis ces sujets d’attentat », admet le patron de Free qui assure que « tous nos moyens de communications, quels qu’ils soient, peuvent être écoutés. »

La  Cour de justice de l’Union européenne a condamné le principe de conservation généralisée des données par les opérateurs

Ce que Xavier Niel semble oublier, c’est que la loi surveillance passée en 2015 permet déjà la surveillance de masse avec une liberté d’action des autorités qui a mis un terme à la protection de la vie privée de chacun. Mais la bataille pour la vie privée continue de faire rage face à la tentation permanente des gouvernements de surveiller leurs populations. Le 21 décembre 2016, la  Cour de justice de l’Union européenne avait condamné le principe de conservation généralisée des données par les opérateurs malgré l’instance des États au nom de la lutte contre la criminalité ou le terrorisme. De son côté, l’opinion publique ne semble pas préoccupée pour le moment.