A Saint-Gratien dans le Val-d’Oise, le maire Les Républicains Julien Bachard a demandé à une femme portant le foulard de s’en aller de son stand du marché de Noël, le 30 novembre dernier, en invoquant la laïcité, indique La gazette du Val-d’Oise. Exposante vendant des pâtisseries et des friandises, Zekiye Yildirim indique au journal en ligne local qu’elle était « prête à l’ouverture du marché » et que « tout se passait pour le mieux » jusqu’à « l’arrivée du maire et de sa délégation. »

Francis Docquincourt, maire adjoint délégué au commerce, a demandé à l’exposante de mettre un bonnet ou de se faire remplacer à son stand. Des « directives » de la mairie, selon l’adjoint. Zekiye Yildirim a préféré quitter son stand après la première après-midi de vente. Le maire, lui, met en avant « une charte » qui accompagnait le contrat que l’exposante a signée. Julien Bachard confirme qu’il a voulu « rappeler les règles de neutralité et de laïcité » et lui a « suggéré d’adopter une tenue plus neutre » ou de « fermer son stand. »
Mais la laïcité peut-elle vraiment être invoquée dans ce cas ? « Les exposants de cette manifestation sont tous occupants du domaine public communal », argumente le maire qui appuie sur le fait que Zekiye Yildirim était exposante « lors d’un service public rendu par la ville » et non simple cliente. « Cet élu invoque à tort la laïcité pour exclure : c’est anti-laïque. L’exposante n’exerçait pas un service public et n’était donc pas soumise à la neutralité », répond Nicolas Cadène, de l’Observatoire de la laïcité. L’exposante, elle, est sous le choc : outre le fait d’avoir « engagé des frais », elle n’hésite pas à parler de « dommage moral. C’est la première fois que je me retrouve dans une telle situation. » « On demande à la communauté musulmane de s’associer aux autres traditions culturelles, or, là je participe à un marché de Noël et on m’expulse ! », ironise-t-elle.