Dans un communiqué officiel, le vice-président de la Commission Européenne Frans Timmermans a exprimé aux musulmans ses vœux pour le nouvel an musulman et rappelé que « la communauté musulmane, dans toute sa diversité, tient une place importante au sein du paysage européen. » Ces vœux arrivaient en même temps que la publication de l’étude de l’Agence des Droits Fondamentaux (FRA) sur les minorités musulmanes d’Europe « Second European Union Minorities and Discrimination Survey (EU-MIDIS II) Muslims », qui fait dire à Frans Timmermans que « les difficultés auxquelles nos concitoyens musulmans sont parfois confrontés en Europe manquent de visibilité. »

L’étude — la deuxième de son genre — démontre la nature structurelle de l’islamophobie en Europe et la résilience des musulmans européens. 39 % des personnes interrogées déclaraient avoir été discriminées dans le monde du travail, l’école, le logement l’accès aux soins ou l’utilisation de services publics ou privés. Bien qu’elle conclut que les musulmans sont en moyenne beaucoup « plus confiants dans les institutions publiques » et souligne l’intégration de ces derniers dans l’espace européen,  81 % des personnes ayant subi une agression physique en raison de leur appartenance religieuse ou leur origine ont été déçues par la police et la manière de traiter leur cas.

31 % des personnes interrogées ne savaient pas qu’elles avaient le droit de poursuivre une action en justice pour discrimination

Ce qui devrait être une source d’inquiétude, c’est que 31 % des personnes interrogées ne savaient pas qu’elles avaient le droit de poursuivre une action en justice pour discrimination et 72 % ne connaissaient aucune association de défense de leurs droits. Les implications d’une telle étude sont multiples. Porter un nom « musulman » est un stigmate qui affecte la vie sociale des personnes et les suit tout au long de leur vie et, donc, l’acceptation des musulmans comme citoyens égaux n’est pas encore d’actualité. La Commission européenne avait déjà pris les devants en 2015 avec la nomination de David Friggieri comme « coordinateur de la lutte contre le racisme anti-musulman. » Mais, en plus de son invisibilité, son travail ne semble pas avoir une réelle portée.

Avec la multiplication des attentats terroristes et leur traitement par les autorités, l’islamophobie perçue et exprimée s’est profondément ancrée dans les sociétés occidentales bien que les musulmans, eux, se sentent chez eux. L’Agence des Droits Fondamentaux recommande que les actions en justice soient poursuivies et que, entre autres, les musulmans soient impliqués et consultés lorsque des décisions les concernent. Mais ces recommandations ont peu de chances d’être entendues tant la FRA n’a pas de moyens réels pour les faire appliquer.