Le pouvoir cherche à renforcer le principe de laïcité, en adoptant la nouvelle charte modifiée, qui s’inscrit dans la stratégie de lutte contre le séparatisme. Encore une façon de mettre la main sur l’islam de France ?
L’islam reste l’un des sujets phares du débat public et politique français. Qu’il s’agisse d’un contexte pré-électoral, de la montée du nationalisme ou encore de l’extrême droite, il est depuis ces dernières années, le cheval de bataille du gouvernement français. A l’approche de l’élection présidentielle, les discours se durcissent.
Depuis plus d’un an, et avec la mort de Samuel Patty, l’exécutif français s’active pour mettre en pratique une batterie de mesures, « confortant le respect des principes de la République ». L’adoption et la promulgation de la loi dite contre le « séparatisme » constituait la première étape, dans cette lutte contre les dérives de l’islam. Elle vise à porter la neutralité du service public, à lutter contre la haine en ligne, à encadrer l’instruction en famille ou encore à renforcer le contrôle des associations et des espaces de cultes et leur financement.
Marlène Schiappa, ministre déléguée à la Citoyenneté en charge des questions de laïcité a présenté la nouvelle version de la charte de la laïcité, qui s’étend aujourd’hui aux services publics. Ce document prévoit ainsi un devoir de « neutralité » quant aux convictions religieuses des agents et usagers des administrations. Il s’étend à « toute la sphère publique et parapublique, (…) et aux entreprises délégataires de service public ».
La charte « actualisée, complétée et précisée » s’impose donc dans l’ensemble de la fonction publique, étatique, territoriale et hospitalière, mais aussi dans les organismes privés assurant une délégation de service public. Après une visite à la RATP, accusée de fermer les yeux sur les atteintes à la laïcité, Marlène Schiappa a déclaré que « Nul n’est censé ignorer la loi ». En d’autres termes, les conducteurs dans les transports publics, les gardiens d’offices HLM comme les agents publics doivent se conformer, qu’ils le veuillent ou non, aux nouvelles règles.
La taxation de ce document au service public est en théorie une belle avancée pour la préservation des acquis laïques, depuis la loi de 1905. Pourtant, considérant le climat actuel en France, la charte vise un culte en particulier, l’islam. Pour résoudre « ce problème », le gouvernement s’est donné pour but d’ostraciser les musulmans de France. Les récentes mesures contre le gel des avoirs de certaines mosquées, ou encore la fermeture d’associations de lutte contre l’islamophobie, témoignent de ce virage « anti-islam » assumé par le gouvernement aujourd’hui.
L’État participe ainsi à l’apparition et au renforcement des discours haineux contre les musulmans de France. Alors que la République est censée assurer la liberté de conscience et garantir le libre exercice des cultes, elle bafoue ouvertement les acquis sur lesquels l’État français fonde sa légitimité.