Les projections établies par les médias à partir du comptage de 97% des bulletins créditent le parti de M. Netanyahu d’autant de sièges (35) que la liste Bleu-blanc (centre droit) de Benny Gantz. Mais elles anticipent autour de M. Netanyahu une majorité potentielle de droite de 65 mandats sur les 120 de la prochaine Knesset.

Dans une telle configuration, il semble hautement improbable que le président Reuven Rivlin confie dans les prochains jours à un autre que M. Netanyahu la tâche de former une coalition de gouvernement.

M. Netanyahu, 69 ans, au pouvoir sans discontinuer depuis 10 ans, signerait ainsi un nouveau coup d’éclat en remportant, malgré la menace d’une inculpation pour corruption, des élections largement présentées comme un référendum sur sa personne. Ses ennuis judiciaires risquent de le rattraper dès les premiers mois d’un nouveau mandat.

M. Netanyahu avait déjà proclamé sa victoire quelques heures auparavant. Triomphant et emphatique devant des supporteurs enfiévrés, il a parlé de succès « magnifique », « phénoménal », « dépassant l’imagination ». Cette victoire a été obtenue « dans des conditions impossibles » et malgré des « médias hostiles », a-t-il paradé, soulevant des huées d’approbation.

Il a promis un « gouvernement de droite », disant avoir déjà approché les chefs d’autres partis de droite en vue de former une coalition de gouvernement. Ils lui ont « presque tous » apporté leur soutien, a-t-il assuré.

Quelque 6,3 millions d’électeurs étaient appelés à élire leurs 120 députés et à décider si l’indétrônable « Bibi », adoré des uns, détesté des autres, poursuivrait son long règne ou si l’heure du changement était venue avec le novice en politique Benny Gantz.

Au total, 67,9% des électeurs ont pris part au vote, contre 71,8% lors des précédentes élections législatives en 2015.

L’issue aura été incertaine jusqu’au bout, et environ deux heures avant l’échéance, Netanyahu et Gantz battaient encore frénétiquement le rappel de leurs troupes.

M. Gantz, entré en politique il y a moins de six mois, signe un retentissant succès.

« Je suis heureux, même si Gantz ne forme pas le prochain gouvernement c’est un résultat historique, une énorme victoire pour une formation aussi nouvelle », s’enthousiasmait à Tel-Aviv un de ses supporteurs, Shoushan Levi, 61 ans.

Quant à M. Netanyahu, si le président Rivlin le charge effectivement de former le gouvernement, il ravirait en juillet le record de longévité comme Premier ministre à l’historique David Ben Gourion.

Mais très vite, M. Netanyahu devrait à nouveau se retrouver dans des eaux tumultueuses.

Le procureur général a annoncé en février son intention de l’inculper pour corruption, fraude et abus de confiance dans trois affaires de dons reçus de la part de milliardaires, d’échanges de bons procédés entre gouvernants et patrons, et de tentatives de collusion avec la presse.

Le procureur général a fixé au 10 juillet la date limite pour une audition de la dernière chance avant de décider de l’inculper.

M. Netanyahu clame son innocence et dénonce sans relâche une « chasse aux sorcières ».

Au cours d’une campagne acrimonieuse, M. Netanyahu se sera prévalu de sa trempe d’homme fort, de ses réussites diplomatiques, de sa proximité avec le président Donald Trump ainsi que d’une croissance économique continue.

Comme en 2015, dans ce qui ressemble fort à un appel du pied à l’électorat de droite, M. Netanyahu a sorti de sa manche une surprise de dernière minute en se disant prêt, au mépris d’un large consensus international, à annexer les colonies israéliennes de Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis plus de cinquante ans par Israël.

Une telle annexion scellerait probablement le sort d’un Etat palestinien indépendant coexistant avec Israël, la solution dite à deux Etats qui est la référence de l’ONU pour résoudre ce vieux conflit.

Commentant les sondages israéliens à la sortie des urnes, Saëb Erakat, haut responsable palestinien, a estimé que les Israéliens avaient dit « non à la paix et oui à l’occupation » des Territoires palestiniens.