Lors du second tour au Pérou, il n’y aura aucun candidat de la gauche. Une absence symptomatique d’une gauche qui est en train de disparaître du continent…

C’est un des pays les plus en forme d’Amérique. La sixième économie d’Amérique Latine, le Pérou, est surnommée « le tigre des Andes », grâce à sa croissance qui avoisine les 6 % depuis le début des années 2000. S’il est un parti qui prospère autant que l’économie, c’est bien Fuerza Popular. Le parti de droite créé par des partisans de l’ancien président Alberto Fujimori — qui purge actuellement une peine de 25 ans de prison après avoir été jugé coupable pour le massacre de Barrios Altos et de violations des droits de l’Homme — est arrivé en tête du premier tour de l’élection présidentielle avec près de 40 % des voix.

Un front anti-Fujimori ?

A la tête de la formation, Keiko Fujimori, la fille de l’ancien chef d’Etat. Pour le second tour de la présidentielle, qui se déroulera en juin prochain, ce sont deux formations de droite qui tenteront de s’imposer : Fuerza Popular et le parti Peruanos por el Kambio de Pedro Pablo Kuczynski. Ce dernier est un ancien banquier de Wall Street et a été ministre de l’Economie et des Finances au début des années 2000. Bien qu’il n’ait recueilli que 22 % des suffrages, il a donc, malgré son retard du premier tour, de grandes chances de remporter le scrutin. D’autant que la droite représentée par Keiko Fujimori effraie une partie de la population. Un vote anti-Fujimori pourrait bien avoir raison de la fille de l’ancien président.

Mais au-delà de la présidentielle, le parti Fuerza Popular a réussi à faire son trou ces dernières années. Créé en 2010, il était devenu en un an le deuxième parti du pays, avec 37 sièges au Congrès du Pérou et un siège au Parlement andin. En cinq ans, la formation a doublé sa présence au Parlement, avec 68 des 130 sièges, soit la majorité absolue, là où Peruanos por el Kambio ne dispose que de 28 sièges. Malgré cette force parlementaire, il sera difficile pour Keiko Fujimori de dépasser les 40 % de suffrages, les autres formations pouvant probablement décider de forger une sorte de « front républicain » pour faire barrage à la candidate.

Les gauches d’Amérique Latine à la peine

« Le Pérou veut la réconciliation et ne veut plus de conflits », tente pourtant de rassurer la patronne de Fuerza Popular, dont le programme économique ne diffère pas réellement de celui de son adversaire. Seulement, le peuple ne veut pas que l’histoire se répète et le patronyme de la candidate pourrait bien lui être fatal. Quant à la gauche, elle a échoué aux portes du premier tour. Veronika Mendoza n’a, il faut le dire, eu que cinq mois pour faire campagne à cause d’une primaire qui a déchiré la gauche. L’ensemble de la gauche n’a réussi à séduire qu’un petit tiers des électeurs. Une claque, alors que Kirchner a lâché le pouvoir en Argentine, que l’ombre de Chavez ne plane plus que de très haut sur le Venezuela et que le Brésil vit une crise politique de grande envergure. En Amérique Latine, c’est toute une gauche qui va devoir se renouveler.

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