Racoleuse, sensationnaliste, stigmatisante… Les qualificatifs n’ont pas manqué à propos de l’émission « Dossier Tabou » diffusée hier soir sur M6. Un magazine qui a largement servi la soupe à l’extrême droite.

On s’attendait à une vive polémique après l’émission de Bernard de La Villardière, « Dossier Tabou », diffusée hier soir sur M6. Il faut dire que le journaliste a fait fort. Son magazine était attendu aussi bien du côté des musulmans que du côté des islamophobes. Et les réactions ont été nombreuses. A l’extrême droite notamment. Florian Philippot a été très actif sur les réseaux sociaux, sur lesquels il a, entre autres, demandé « la dissolution et l’interdiction de l’épouvantable UOIF » et l’expulsion de « quelques imams étrangers. » Marion Maréchal Le Pen, de son côté, a déploré « la France qui recule face aux islamistes », à la vue de ce « reportage effarant. » Mais au-delà de quelques moments montrant les dangers de quelques extrémistes, l’émission de Bernard de La Villardière a globalement été très critiquée. Mais la fachosphère a trouvé l’enquête peu sérieuse : Pierre Sauterel, animateur du site Fdesouche, explique notamment que, « en termes de propagande, le reportage est une chance pour » l’extrême droite mais, ajoute-t-il, « en termes historiques et journalistiques, c’est un peu de la merde. »

« Bernard de La Villardière, c’est de la provoc »

C’est effectivement l’avis de Sihame Assbague et Widad Ketfi, qui proposaient une soirée « Dossier Tabouche » avec des invités chargés d’apporter une critique constructive sur le reportage de la chaîne M6. Comme d’autres sur Twitter, les deux jeunes femmes ont apporté un autre regard sur ce « Dossier Tabou ». Tous ont relevé les erreurs et maladresses de Bernard de La Villardière. Notamment lorsqu’il parle du foulard islamique, auquel 63 % des Français seraient opposés, pour introduire l’interview d’une femme en niqab. Nacira Guénif-Souilamas, anthropologue, n’a pas hésité à dénoncer la mise en scène de l’animateur et ses approximations. Car « Dossier Tabou », c’est avant tout une émission qui cherche le sensationnalisme, comme lorsque Bernard de La Villardière estime que, dans un groupe qui le prend à partie, il décrit « un mélange de salafistes et de dealers. » Au final, d’ailleurs, les téléspectateurs n’ont pas appris grand-chose en regardant « Dossier Tabou ».

Le maire de Sevran, ville que Bernard de La Villardière définit comme une « fabrique de terroristes », s’est lui aussi insurgé contre le reportage. « Bernard de La Villardière, c’est racoleur, on connaît », explique Stéphane Matignon qui s’est senti piégé par le journaliste. « L’interview a duré une heure et demi. On a joué au chat et à la souris: il voulait entendre des trucs et moi je ne lui répondais pas ce qu’il voulait entendre. Je sais qu’il en restera 40 secondes ou une minute dans l’émission, c’est pour ça que je n’aime pas faire ces interviews et que je préfère parler en direct. Je regrette d’y avoir participé mais en même temps je me sentais contraint », explique le maire de Sevran, qui affirme que la venue du présentateur dans sa ville a « créé une crispation. » A propos de l’agression du journaliste, le maire explique que Bernard de La Villardière est venu « après tout le monde, dans le lieu qui vient d’être muré, c’est de la provoc et il sait ce qu’il fait. »

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