Le discours était très attendu, hier soir. Emmanuel Macron, grave, était invité à enfin se prononcer sur le mouvement des gilets jaunes et sur la crise sociale qui touche la France. Et le président de la République a légèrement dévié sur plusieurs thèmes qui semblent n’avoir pas grand-chose à voir avec les gilets jaunes. Car en pleine intervention télévisée, Emmanuel Macron a voulu parler des « quarante années de malaise qui ressurgissent », parmi lesquels, selon lui, un certain « malaise face aux changements de notre société, à une laïcité bousculée et devant des modes de vie qui créent des barrières, de la distance. »

Aucun téléspectateur ou commentateur politique ne s’attendait à une telle sortie sur la laïcité, là où les Français réclament de meilleures conditions de vie. Mais Emmanuel Macron l’a fait. Une façon comme une autre de remettre le musulman au centre des débats. Une sortie étonnante également car malgré cette « laïcité bousculée », c’est bel et bien Emmanuel Macron qui compte amender la loi de 1905 rien que pour avancer sur sa réforme du culte musulman.

Il aura également été question, lors de cette allocution, de l’immigration. « Je veux aussi que nous mettions d’accord la Nation avec elle-même sur ce qu’est son identité profonde, que nous abordions la question de l’immigration. Il nous faut l’affronter », a dit Emmanuel Macron. La phrase a beau être très brève, elle inquiète. Pour le président de SOS Racisme, Dominique Sopo, « les propos avaient beau être le plus elliptiques possibles, chacun comprendra qu’ils n’augurent rien de bon. Que les choses soient claires : toute tentative consistant à jeter les immigrés en pâture des frustrations sociales sera combattue sans relâche par SOS Racisme. »

Dans son communiqué, SOS Racisme déplore le fait que les immigrés soient désignés « comme boucs émissaires » par le président de la République et estiment que cette question n’avait rien à faire dans un discours où « les questions posées étaient notamment celles de la répartition des richesses et des attentes de la jeunesse lycéenne. » Mais ces petites phrases à destination des immigrés et des musulmans laissent présager une politique de Macron, pour 2019, plus axées sur le volet identitaire. Les élections européennes risquent d’être terribles…