Le bilan s’élève désormais à 50 morts dans le double attentat contre des mosquées de Christchurch.

Une tragédie dans laquelle ont péri des hommes, des femmes, des adolescents et enfants. Leurs noms et leurs visages sont apparus peu à peu dans la presse internationale et sur les réseaux sociaux.

Des hommages leur sont désormais rendus, certaines victimes ayant tenté, au péril de leur vie, de protéger les autres fidèles ou d’arrêter le terroriste.

Un courage dont a notamment fait preuve Daoud Nabi, un Afghan de 71 ans, qui a voulu sauver des fidèles dans la mosquée al-Nour dans le centre-ville. Il est l’un des premiers a avoir été abattu par le terroriste, après l’avoir accueilli par un « Hello, brother » (Bonjour, frère).

L’homme qui vivait en Nouvelle-Zélande depuis plus de 40 ans, après avoir fui son pays dans les années 70, disait de son pays d’adoption qu’il était « un petit bout de paradis », a raconté à l’AFP son fils, Omar.

« J’ai appris de la bouche du père de mon meilleur ami qu’il avait bondi sur quelqu’un pour lui sauver la vie », a raconté Omar au site Stuff.co.nz. « Il a bravé les balles pour sauver la vie de quelqu’un et il est mort ».

Un autre fils de Daoud, Yama, se rendait lui à la mosquée – pour se réconcilier avec son père après une brouille – quand il est tombé sur un ami à l’extérieur qui lui a dit: « Ton père m’a sauvé la vie », selon le quotidien australien The Age.

Ce grand-père était un ancien ingénieur. Arrivé dans les années 1980 en Nouvelle-Zélande, il s’était investi dans l’accueil des réfugiés à Christchurch.

Naeem Rashid, un Pakistanais, a lui aussi donné sa vie pour protéger les autres fidèles des tirs. Une vidéo de l’assaut montre l’homme se faire abattre alors qu’il s’approche du terroriste, tandis que les autres autour de lui fuient.

L’homme, ainsi que son fils, périront dans l’attaque. Naeem Rashid était employé de banque au Pakistan et était devenu enseignant après son déménagement à Christchurch. Le Pakistan a décidé de le décorer à titre posthume. 

« Le Pakistan est fier de Mian Naeem Rashid qui a été abattu alors qu’il essayait de s’attaquer au terroriste suprémaciste blanc et son courage sera honoré par une récompense nationale », a tweeté le premier ministre du pays.

Parmi les autres fidèles présentés comme des héros, figure une femme, Husna Ahmad, 44 ans.

Son mari Farid Ahmad, qui a survécu, raconte comment son épouse a aidé les fidèles à s’échapper de la mosquée, dès que les tirs ont commencé. « Elle criait “Venez par ici, dépêchez-vous”, et elle a emmené beaucoup d’enfants et de femmes vers un jardin à l’abri », témoigne t-il, s’appuyant également sur le récit de témoins.

« Ensuite elle est revenue pour s’enquérir de mon sort, parce que je suis en chaise roulante, et alors qu’elle s’approchait de la porte, elle a été tuée. Elle était occupée à sauver des vies, sans se préoccuper d’elle-même », poursuit l’homme de 59 ans, qui n’a pas vu sa femme quand il a quitté la mosquée et a appris sa mort en voyant sa photographie sur les réseaux sociaux.

Malgré le drame, Farid Ahmad a affirmé dimanche qu’il accordait son pardon à Brenton Tarrant, le terroriste.

« Je lui dirais que je l’aime en tant que personne. Je lui dirais qu’il a en lui un grand potentiel pour être une personne généreuse, bonne, capable de sauver des gens plutôt que de les détruire. Je lui souhaite de rechercher cette attitude positive, j’espère et je prie pour lui (…) Je n’ai aucune rancune », a t-il déclaré.

Des enfants, sont également les victimes de cet acte de barbarie.

Sayyad Milne, 14 ans, a été tué à la mosquée al-Nour, où il se trouvait comme chaque vendredi, avec sa mère et des amis, selon le New Zealand Herald.

Son père, John Milne, a précisé que sa mort n’avait pas encore été confirmée officiellement mais qu’on lui avait dit que son fils avait été vu, en sang, sur le sol de la mosquée.

« J’ai perdu mon petit garçon, il venait juste d’avoir 14 ans », a-t-il dit au journal. Son fils voulait être footballeur.

« Un brave petit soldat. C’est si difficile de le savoir tombé sous les balles de quelqu’un qui se moquait de tout et de tous ».

Un garçon de 3 ans a quant à lui disparu. La dernière fois que Mucad Ibrahim a été vu en vie, c’était dans la mosquée al-Nour, en compagnie de son frère et de son père.

Mucad Ibrahim aurait tenté de fuir alors que son père, blessé, faisait le mort aux côtés d’Abdi Ibrahim, le grand frère de Mucad, pour échapper aux tirs.

Mucad n’a pas été vu depuis. La famille, qui s’est rendue à l’hôpital de Christchurch pour regarder les registres, en vain, n’a plus d’espoir de le retrouver en vie.

Enfin, d’autres fidèles sont encore entre la vie et la mort à l’hôpital, grièvement blessés, à l’instar de Wasseim Alsati, barbier de nationalité jordanienne, et sa fille Alin, 4 ans.

« S’il vous plaît, priez pour moi et ma fille », a lancé Wasseim Alsati dans un vidéo filmée depuis son lit d’hôpital.

Selon une amie de Wasseim, Carolyne Phillips, l’homme a subi une opération en raison de la perforation de son intestin, de blessures au bassin, et pour extraire des éclats de balles de sa hanche. Il était arrivé en Nouvelle-Zélande en 2014.

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(Photo by DAVID MOIR / AFP)

Une liste avec les noms des personnes décédées, a été dressée et publiée sur le site Al Kanz. Les disparus étaient âgés de 3 ans à 77 ans.

Mucad Ibrahim, 3 ans

Abdullahi Dirie, 4 ans

Sayyad Milne, 14 ans

Hamza Mustafa, 16 ans*

Talha Naeem, 21 ans*

Tariq Omar, 24 ans

Ozair Kadir, 24 ans

Ansi Alibava, 25 ans

Syed Areeb Ahmed, 26 ans

Ramiz Arifbhai Vora, 28 ans*

Mojammel Hoq, 30 ans

Farhaj Ahsan, 30 ans

Atta Elayyan, 33 ans

Hussein Al-Umari, 35 ans

Junaid Ismail, 36 ans

Hussein Al-Umari, 36 ans

Mohammed Omar Faruk, 36 ans

Osama Adnan Abu Kwik, 37 ans

Zeehan Raza, 38 ans

Kamel Darwish, 39 ans

Haroon Mahmood, 40 ans

Sohail Shahid, 40 ans

Rashid Naeem, 40 ans*

[Nom et prénom supprimés], 42 ans

Syed Jahandad Ali, 43 ans

Husna Ahmed, 44 ans

Khaled Alhaj Mustafa, 45 ans*

Mohammed Imran Kahn, 47 ans

Mathullah Safi, 55 ans

Amjad Hamid, 57 ans

Lilik Abdul Hamid, 58 ans

Mohamedali Arifbhai Vora, 58 ans*

Ghulam Hussain, la soixantaine*

Karam Bibi, la soixantaine*

Abdelfattah Qasem, 60 ans

Musa Vali Suleman Patel, 60 ans

Ashraf Ali, 61 ans

Mohsin Al-Harbi, 63 ans

Ali Elmadani, 65 ans

Maheboob Khokhar, 65 ans

Linda Armstrong, 65 ans

Muhammed Abdusi Samad, 66 ans

Ahmad Gamaluddin Abdel Ghani, 68 ans

Mounir Soliman, 68 ans

Hussein Moustafa, 70 ans

Abdukadir Elmi, 70 ans

Haji-Daoud Nabi, 71 ans

Musa Nur Awale, 77 ans

Ashraf al-Morsi

Ashraf al-Masri