Une opération de testing montre que les masters s’ouvrent plus facilement aux étudiants au nom à consonance française plutôt que maghrébine.
Si l’université française a, en théorie, des valeurs importantes comme « la liberté de penser, l’honnêteté intellectuelle, la droiture morale, l’intégrité éthique, ainsi qu’un engagement à garantir un accès équitable et à répondre aux problématiques sociales », comme le résume David Ward, de l’American Council of Education de Washington, dans les faits, c’est parfois tout l’inverse.
En France, l’accès à l’éducation universitaire, notamment en master, est en effet ouverte à tous… à condition d’avoir un patronyme le plus français possible. Une opération de « testing » a été menée dans plus de 2 000 masters de 84 universités par l’Observatoire national des discriminations et de l’égalité dans le supérieur (Ondes). Et les conclusions de ce test grandeur nature montrent une fois de plus que pour les personnes d’origine étrangère en général, et maghrébine en particulier, l’accès au parcours éducatif est semé d’embuches.
Près de 8 % d’écart
La semaine dernière, l’Ondes a indiqué que, à demandes d’informations équivalentes dans les universités, les candidats à patronymes d’origine maghrébine recevaient moins de réponses que ceux au nom « français ». C’est en février 2022 qu’on eu lieu les tests. L’organisation a envoyé des demandes d’informations de la part de potentiels candidats à des dizaines d’universités. Les responsables de master étaient visés.
Les personnes à l’origine de cette opération, Yannick L’Horty, Sylvain Chareyron et Berlanda Desuza Fils-Aimé, ont travaillé sur 2 122 formations de masters proposées par 84 établissements universitaires. La candidate au nom à consonance française, Valérie Leroy, a reçu un taux de réponse atteignant près de 70 % quand les deux français « maghrébins », Mohamed Messaoudi et Rachida Saïdi, ont des taux qui culminent à environ 60 %.
Des secteurs plus discriminatoires que d’autres
L’Ondes indique que « l’écart moyen absolu est de 7,7 points de pourcentage, soit un niveau très proche de celui obtenu lors de la première vague de test où il était de 8,6 points ». En effet, l’association a testé pour la deuxième année les universités. En conséquence, affirment les testeurs, une personne d’origine maghrébine a 11,2 % de chances en moins d’obtenir une réponse.
Dans tous les cas, les chercheurs ont également tenté de voir s’il y avait des différences de traitements entre hommes et femmes, il en ressort que non, ou alors de manière non significative. Et parmi les masters visés, les discriminations sont plus ou moins fortes selon les domaines. Ainsi, il sera plus difficile pour une personne d’origine nord-africaine de faire du droit, de l’économie, des sciences ou de la santé.