Bien que les médias aient moins traité du sujet ces derniers temps, la crise entre le Qatar et l’Arabie Saoudite continue bel et bien d’agiter le Golfe. Et ce lundi, comme l’indique La Tribune de Genève, le ministre des Affaires étrangères du Qatar, Cheikh Mohamed bin Abderrahmane Al-Thani, est passé à l’offensive. Il juge « illégales » les mesures prises par le royaume wahhabite à l’insu de son pays. L’Arabie Saoudite, mais également le Bahreïn, l’Egypte et les Emirats arabes unis « ont agi en contrevenant aux lois internationales et en violant les droits humains », a estimé le ministre qatarien, qui a demandé au Conseil des droits de l’homme d’agir.

L’Arabie Saoudite va à l’encontre de l’article 2 de la Charte des Nations Unies

Malik Boumediene, enseignant-chercheur, spécialiste en relations internationales, nous explique pourquoi les conditions imposées par l’Arabie Saoudite au Qatar pour régler la crise sont illégales. Selon lui, « l’article 2 de la Charte des Nations Unies précise que ‘les membres de l’Organisation règlent leurs différends internationaux par des moyens pacifiques, de telle manière que la paix et la sécurité internationales ainsi que la justice ne soient pas mises en danger.’ » Pour Malik Boumediene, cet article est d’ailleurs doublement violé puisqu’« il précise aussi que les Etats ’s’abstiennent, dans leurs relations internationales, de recourir à la menace ou à l’emploi de la force, soit contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique de tout Etat, soit de toute autre manière incompatible avec les buts des Nations Unies.’ Là, la menace est indirecte : ce n’est pas un conflit armé mais il y a un embargo. Voilà pourquoi on peut parler d’illégalité. »

Une atteinte à la souveraineté d’un Etat

Pour le spécialiste en relations internationales, il y a également, dans le conflit entre Saoudiens et Qatariens, « une atteinte à la souveraineté d’un Etat », notamment avec les pressions effectuées pour demander la fermeture de la chaîne Al-Jazeera. Enfin, indique Malik Boumediene, l’Arabe Saoudite viole également le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, qu’elle a signé. « Ce conflit entre le Qatar et l’Arabie Saoudite a entraîné des déplacements de population, avec les citoyens du Qatar qui ont dû quitter l’Arabe Saoudite. Dans le pacte de 1966, signé par ces deux pays, il est précisé qu’on ne peut procéder à des expulsions de personnes, sauf en cas de menace imminente et grave pour la sécurité du pays », résume le chercheur qui rappelle enfin le principe de non-intervention, qui a été reconnu dans les années 1980 au moment de l’intervention des Etats-Unis au Nicaragua. « Les Etats doivent respecter ce principe. Or, dans le cas du conflit avec le Qatar, ce n’est pas le cas », conclut Malik Boumediene.